Le Nigeria a annoncé lundi qu'un médecin de Lagos ayant soigné un Libérien mort d'Ebola a été contaminé par le virus, deuxième cas recensé dans la plus grande ville d'Afrique de l'Ouest, alors que l'épidémie tue toujours plus dans la région.

Au Nigeria, «ce nouveau cas est l'un des médecins qui s'étaient occupés du Libérien mort de l'Ebola» le mois dernier, a déclaré le ministre Onyebuchi Chukwu.

Soixante-dix autres personnes soupçonnées d'avoir été en contact avec le patient libérien font l'objet d'une surveillance, a-t-il précisé. Huit d'entre elles ont été placées en quarantaine à Lagos, dont trois présentent des symptômes et ont subi des tests.

Le Libérien Patrick Sawyer, mort à Lagos fin juillet, était le premier cas mortel au Nigeria de l'épidémie d'Ebola, d'une gravité sans précédent, qui frappe depuis le début de l'année trois pays d'Afrique de l'Ouest: la Guinée, où elle s'est déclarée, le Liberia et la Sierra Leone.

L'annonce de ce nouveau cas au Nigeria intervient alors que le bilan de cette fièvre hémorragique particulièrement meurtrière continue de s'alourdir, en dépit des mesures draconiennes prises pour la juguler.

L'épidémie de fièvre hémorragique Ebola a tué 887 personnes en Afrique, selon un nouveau bilan établi lundi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ce bilan fait aussi état de 1603 cas recensés dans quatre pays d'Afrique de l'Ouest: 485 en Guinée (340 confirmés, 133 probables et 12 suspectés) dont 358 décès, 468 au Liberia (129 confirmés, 234 probables et 105 suspectés) dont 255 décès, 646 au Sierra Leone (540 confirmés, 46 probables et 60 suspectés) dont 273 décès, et 4 au Nigeria (0 confirmé, 3 probables et 1 suspecté) dont 1 décès.

Le bilan de l'épidémie de fièvre hémorragique en Afrique de l'Ouest, en grande partie due au virus Ebola, ne cesse de s'aggraver. Un précédent bilan de l'OMS recensait plus de 1300 cas et 729 morts au 27 juillet.

L'OMS ne recommande toujours pas que des restrictions aux voyages ou aux échanges commerciaux soient imposées à la Guinée, au Liberia, à la Sierra Leone ou au Nigeria sur la base des informations actuellement disponibles concernant cette épidémie, qui commence à inquiéter le reste du monde.

Le virus Ebola se manifeste notamment par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Son taux de mortalité peut aller de 25% à 90% et il n'existe pas de vaccin homologué. Il se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d'animaux infectés.

Commerces fermés en Sierra Leone

Pour mieux combattre l'épidémie, commerces, bars et restaurants sont restés fermés lundi en Sierra Leone, où le président Ernest Bai Koroma a exhorté la population à «intensifier (ses) efforts dans la lutte» contre le virus, à l'occasion d'une journée décrétée chômée.

«L'essence même de notre nation est en jeu», a-t-il alerté.

«Dans ce combat, chaque individu compte. Si un individu, une famille, une communauté ou une ville n'agit pas, le risque augmente pour toute la nation», a insisté le chef de l'État dans une déclaration télévisée.

Les marchés et les rues de Freetown étaient déserts, à l'exception notamment des véhicules du ministère de la Santé arborant des messages de prévention ou d'hygiène tels que: «Ebola est réel, ne mangez pas de viande de chauve-souris, ni de chauve-souris ou de fruits partiellement mangés par des animaux».

Des policiers en civil interrogeaient les rares passants sur leur destination et les renvoyaient chez eux. Les écoles sont fermées jusqu'à septembre, et par mesure prophylactique, des institutions gouvernementales ont décidé de diminuer «la fréquentation des visiteurs» dans la capitale et dans leurs bureaux de plusieurs villes.

Manifestations au Liberia

Au Liberia voisin, où les services sanitaires sont débordés, des habitants de Monrovia ont manifesté lundi dans la capitale pour protester contre la présence dans les rues de nombreux corps abandonnés par peur de contracter le virus.

Des dizaines de personnes bloquaient les principales artères de Monrovia, où des barricades ont surgi depuis le week-end, notamment en banlieue.

«Aucune voiture n'est autorisée à passer ici tant que le gouvernement ne viendra pas chercher les corps qui gisent dans les maisons depuis quatre jours», a dit à l'AFP un manifestant, Kamara Fofana, dans un quartier de la banlieue ouest.

Le vice-ministre de la Santé, Tolbert Nyensuah, a assuré que le gouvernement faisait tout son possible et que des terrains avaient été achetés par l'État pour enterrer les victimes.

En raison de la gravité de la crise sanitaire, la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf comme son homologue sierra-léonais ont renoncé à se rendre au sommet USA/Afrique qui s'est ouvert lundi à Washington en présence d'une quarantaine de chefs d'État du continent.

Seule note d'optimisme, l'état du médecin américain Kent Brantly, infecté au Liberia et rapatrié aux États-Unis par avion sanitaire samedi pour y être traité, «paraît s'améliorer», selon un  haut responsable sanitaire américain.

Une de ses assistantes, l'Américaine Nancy Writebol, également infectée, sera rapatriée par avion sanitaire mardi, a indiqué lundi l'organisation caritative SIM pour qui elle travaille.