Les islamistes somaliens shebab ont revendiqué samedi une attaque contre un car qui a fait sept morts dans la région de Lamu, sur la côte du Kenya, théâtre depuis un mois d'une série de raids ayant fait près de 100 morts.

Vendredi soir, des hommes armés ont mitraillé un car à environ six kilomètres de la localité de Witu, sur la route reliant Mombasa à l'archipel de Lamu.

L'archipel de Lamu, autrefois joyau du tourisme kényan, à une centaine de kilomètres de la frontière somalienne, est aujourd'hui largement déserté par les visiteurs étrangers. La zone de l'attaque, située en retrait du littoral, à une cinquantaine de kilomètres de Lamu, n'est pas touristique et est fortement déconseillée aux étrangers.

«Ces attaques sont une réponse claire aux allégations fallacieuses du gouvernement du Kenya selon lesquelles il a renforcé la sécurité» dans cette zone, a affirmé à l'AFP le porte-parole militaire des shebab, Abdulaziz Abu Musab. «Les combattants shebab sont prêts à agir ou attaquer partout où cela est nécessaire à l'intérieur du Kenya».

Les autorités kényanes affirment avoir déployé en nombre des forces de sécurité dans la région, sans parvenir à empêcher les attaques.

«Retirer les troupes kényanes (de Somalie, où elles combattent les insurgés, ndlr) est le seul espoir d'un retour à une sorte de normalité», a averti le porte-parole shebab.

La Croix-Rouge kényane a fait état samedi de «sept morts confirmés» dans la dernière attaque et de cinq blessés. Le préfet du département de Lamu, Njenga Miiri, a confirmé ce bilan.

Les personnes tuées sont quatre policiers, le chauffeur du bus et deux passagers, a indiqué le préfet. Mais, selon la Croix-Rouge, «cinq civils et deux membres des forces de sécurité ont perdu la vie dans l'attaque».

Les autorités ont refusé de commenter les informations selon lesquelles des personnes sont portées disparues, réfugiées dans la forêt voisine ou enlevées par les assaillants.

Selon une source policière locale, un groupe d'hommes armés a mitraillé vendredi soir le bus qui faisait route vers Lamu, ainsi qu'une voiture privée, puis un véhicule de police arrivé sur les lieux.

94 morts depuis mi-juin

«Après avoir rempli leur mission, nos combattants ont regagné leurs bases», a assuré le porte-parole des shebab, sans préciser si elles se trouvaient en territoire kényan ou en Somalie.

Selon la Croix-Rouge, cette nouvelle attaque porte à 94 morts le bilan des raids menés depuis le 15 juin dans cette zone.

Cette nuit-là, un commando avait pris d'assaut la localité de Mpeketoni, où vivent majoritairement des chrétiens alors que la côte est essentiellement musulmane, et avait abattu 49 personnes, toutes chrétiennes, selon des témoins qui ont décrit des combattants brandissant le drapeau islamiste.

Les shebab ont présenté ces attaques comme des représailles à l'intervention en Somalie de l'armée kényane, désormais intégrée à l'Amisom, la force africaine qui combat les islamistes.

Les autorités kényanes, le président Uhuru Kenyatta en tête, ont exclu l'implication des shebab et accusé des «réseaux politiques locaux», pointant du doigt - sans la nommer - l'opposition menée par son rival de la présidentielle de mars 2013, Raila Odinga.

L'intéressé a estimé «absurdes» ces allégations et accusé le gouvernement de n'être «pas sérieux» dans son combat contre les shebab, qui ont promis en mai de «déplacer» la guerre en territoire kényan.

Samedi soir, le chef de la police, David Kimaiyo, a imposé un couvre-feu du 20 juillet au 20 août sur l'ensemble du département de Lamu, confinant les habitants entre 18 h 30 et 6 h 30.

Peu avant les autorités locales avaient interdit la circulation entre 18 h et 6 h jusqu'à nouvel ordre, sur un tronçon d'environ 200 km reliant la station balnéaire de Malindi à l'archipel de Lamu, dont une centaine se trouvent sur le département.

Seuls les véhicules des services de sécurité seront autorisés à circuler sur cette route, a annoncé le préfet de la région de la Côte, Samuel Kilele.

Depuis le début de son intervention en Somalie, en octobre 2011, le Kenya a été visé par de nombreuses attaques, attribuées aux islamistes somaliens ou à leurs sympathisants locaux, la plus spectaculaire et meurtrière restant l'assaut contre le centre commercial Westgate à Nairobi, en septembre 2013 (au moins 67 morts).

Les attaques se sont intensifiées depuis le début de l'année, notamment à Nairobi et à Mombasa, le grand port sur l'océan Indien (sud-est), et touchent sévèrement le secteur touristique kényan.