Les États-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre l'Ouganda en raison de sa législation réprimant l'homosexualité, une loi qui a soulevé un tollé international mais n'a pas empêché Kampala de présider l'Assemblée générale de l'ONU.

Washington avait déjà comparé cette législation à celle de l'Allemagne nazie et de l'apartheid en Afrique du Sud et la Maison-Blanche a jugé dans un communiqué qu'elle allait «à l'encontre des droits de l'homme universels» et «compliquait (la) relation bilatérale» américano-ougandaise.

Ces sanctions prises par le département d'État interdisent l'entrée aux États-Unis de «certains responsables ougandais impliqués dans de graves violations des droits de l'homme», notamment contre des personnes LGBT (lesbiennes, gais, bi-sexuels et transsexuels), selon la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Caitlin Hayden Les mesures punitives visent aussi à suspendre le financement de programmes destinés aux autorités de Kampala.

Ces programmes concernaient la police ougandaise, le ministère de la Santé et un projet d'exercice aérien mené par les forces armées américaines en Ouganda.

Les sanctions interdisent encore l'entrée sur le sol américain d'«Ougandais responsables de faits significatifs de corruption publique», selon la présidence américaine.

Les États-Unis et l'Ouganda sont toutefois des alliés et coopèrent notamment pour la traque du chef de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), Joseph Kony, recherché par la Cour pénale internationale et Washington.

La Maison-Blanche a précisé que cette collaboration militaire n'était pas remise en cause, pas plus que l'aide humanitaire américaine à l'Ouganda.

Réagissant aux sanctions américaines, la chef des démocrates à la Chambre des représentants Nancy Pelosi s'est félicitée d'un «message fort envoyé au gouvernement ougandais: les États-Unis ne tolèreront pas la vile persécution des Ougandais LGBT». Elle a jugé la loi anti-homosexualité d»une ignorance, injustice et cruauté à couper le souffle».

Cette législation avait été promulguée en février par le président Yoweri Museveni, réprimant la «promotion de l'homosexualité» et obligeant à dénoncer des homosexuels. Elle a provoqué des condamnations des États-Unis, de pays d'Europe et du Parlement européen.

Le secrétaire d'État John Kerry l'avait comparée à l'époque aux lois anti-juives de l'Allemagne nazie et à celles du régime d'apartheid en Afrique du Sud, et annoncé que les États-Unis allaient «revoir» leur coopération avec Kampala.

Mais cela n'a pas barré la route de l'Ouganda vers la présidence de l'Assemblée générale des Nations unies, à laquelle il a accédé la semaine dernière pour une année. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait alors félicité le chef de la diplomatie ougandaise Sam Kutesa.

L'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Samantha Power, a réaffirmé jeudi l'antienne de la diplomatie américaine qu'avait promue l'ex-secrétaire d'État Hillary Clinton (2009-2013): «Les droits des personnes LGBT sont des droits de l'homme et les mesures prises aujourd'hui montrent clairement que les États-Unis agiront pour défendre ces droits».

Mme Power a de nouveau réclamé que la loi ougandaise soit «révoquée», ainsi que celles de «plus de 76 pays dans le monde qui criminalisent l'homosexualité».