Entre 800 à 1000 Sud-Soudanais arrivent chaque jour en Éthiopie depuis janvier, dans des conditions effroyables, a averti mardi l'ONU, pour qui sans l'aide des organisations humanitaires ces personnes seraient mortes.

«Entre 800 et 1000 [personnes] arrivent chaque jour, à bout de souffle, beaucoup sont mal nourris», a déclaré une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'un point presse.

La majorité arrive à Pagak, dans la région éthiopienne de Gambela, où les réfugiés - qui sont à plus de 37% malnourris et qui ont voyagé parfois pendant 25 jours - sont accueillis, entre autres, par le HCR et le Programme alimentaire mondial (PAM).

«J'y étais il y a deux semaines. C'était assez choquant, et j'ai réalisé que si le HCR, le PAM et d'autres ONG n'étaient pas là, ces personnes seraient mortes», a ajouté la porte-parole.

L'ONU est d'autant plus inquiète que 95% d'entre eux soient des femmes et des enfants, qui viennent de l'État du Haut-Nil. Ce chiffre de femmes et enfants est très élevé, s'alarme l'ONU. «Elles nous disent que les hommes sont recrutés de force ou tués» alors qu'ils tentent de quitter le pays, a expliqué Mme Fleming.

Le conflit, qui a fait des milliers de morts, 800 000 déplacés internes et près de 300 000 réfugiés, a débuté le 15 décembre dans la capitale sud-soudanaise Juba, avant de rapidement s'étendre à d'autres régions clés du pays (en particulier les États du Haut-Nil, d'Unité (nord) et du Jonglei (est)). Depuis, quelque 61 000 Sud-Soudanais se sont réfugiés au Soudan, 97 000 au Rwanda, 95 700 en Éthiopie et 33 400 au Kenya, fuyant la faim et les violences, selon l'ONU.

Quelque 86 000 Sud-Soudanais réfugiés en Éthiopie vivent dans quatre camps (Kule, Lietchuor, Pugnido et Okugo), et 9600 autres sont installés dans des points frontaliers.

Alors que les combats se poursuivent au Soudan du Sud et que la saison des pluies arrive, les organisations humanitaires cherchent à améliorer les conditions d'accueil des réfugiés et ont envoyé lundi quelque 4000 tentes d'urgence.

Un nouveau camp près de Kule, dans la région de Gambela, devrait pouvoir par ailleurs héberger 30 000 personnes d'ici fin avril.

Mais le HCR manque cruellement de fonds. Le HCR et ses partenaires n'ont reçu que 12% des 102 millions de dollars demandés pour aider les Sud-Soudanais en Éthiopie.

Photo ZACHARIAS ABUBEKER, AFP

Un camp de réfugiés en Éthiopie