L'Éthiopie est en train de déloger des centaines de milliers de personnes de la Vallée de l'Omo (sud) pour libérer des terres à des fins de plantations d'État de canne à sucre, a accusé mercredi Human Rights Watch (HRW).

Selon l'organisation de défense des droits de l'homme basée à New York, jusqu'à 500 000 personnes sont concernées par cette entreprise, qui couvre «pratiquement» toute la vallée de l'Omo.

Son étude se fonde sur des images satellitaires récemment publiées.

«L'Éthiopie peut développer son territoire et ses ressources, mais ne devrait pas faire peu de cas des droits de ses communautés indigènes», a estimé Leslie Lefkow, responsable Afrique pour l'ONG, dans un communiqué.

La vallée de l'Omo compte déjà plusieurs plantations de canne à sucre, et de nouveaux projets sont à l'étude. La production de sucre, largement destinée à l'exportation, est une source de revenus majeure pour l'Éthiopie.

Pour HRW, les communautés concernées sont déplacées de force dans le cadre d'un programme de regroupement dans des villages, dont Addis affirme qu'il permettra à la population un meilleur accès aux services de base comme l'éducation ou la santé.

«Comme on l'a vu dans d'autres parties de l'Éthiopie, ces mouvements ne sont pas tous volontaires», ajoute cependant l'ONG.

Interrogé par l'AFP, le gouvernement éthiopien n'avait à ce stade pas réagi.

La luxuriante vallée de l'Omo, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, abrite plusieurs tribus indigènes. Plusieurs barrages, certains décriés pour leurs effets sur l'environnement dans les pays voisins, ont déjà été construits sur ses cours d'eau.

Avec un revenu moyen de moins de deux dollars par jour, l'Éthiopie est encore l'un des pays les plus pauvres de la planète.

Mais son économie est aussi l'une de celles qui affichent la plus forte croissance et le pays de la Corne de l'Afrique entend industrialiser son secteur agricole pour donner un coup de fouet à ses exportations et rejoindre le clan des pays à revenu intermédiaire en 2025.