Cinq hommes ont été jugés dans l'État de Bauchi, dans le nord du Nigeria, pour avoir créé un club homosexuel, a déclaré un représentant du tribunal mercredi.

Quatre d'entre eux ont plaidé coupables alors que le cinquième a plaidé non coupable lors de l'audience qui s'est tenue le 6 janvier, a déclaré à l'AFP Abdul Mohammed, le greffier de la haute cour de la charia (la loi islamique) de l'État de Bauchi.

«Ils ont comparu devant la commission de la charia de l'État de Bauchi (...) suite à l'accusation selon laquelle ils avaient créé un club gai et reçu 150 000 $ des États-Unis», a-t-il précisé.

Selon M. Mohammed, les quatre hommes qui ont plaidé coupables sont âgés de 22 , 24 , 25 et 28 ans et le cinquième, qui a nié les charges qui pèsent contre lui, est un proviseur d'école âgé de 47 ans.

Les cinq hommes restent en détention provisoire jusqu'à la prochaine audience, prévue le 23 janvier, a-t-il ajouté.

Ils sont jugés selon la loi de la charia - appliquée en parallèle du système judiciaire fédéral dans plusieurs États du Nord - qui interdit la sodomie.

Ils encourent donc la peine de mort, même si celle-ci est rarement, voire jamais appliquée.

Selon le chef de la commission de la charia de Bauchi, Mustapha Baba Ilela, au moins douze personnes ont été arrêtées pour avoir enfreint cette loi depuis le début de l'année.

«Tous les accusés ont été appréhendés par des membres de la communauté, qui est contre l'homosexualité, et ils nous les ont amenés», a-t-il expliqué.

«Les suspects ont confessé avoir commis l'acte dont ils étaient accusés, sans menace ni incitation, et nous avons les confessions orales et écrites».

Le président nigérian Goodluck Jonathan a promulgué lundi une loi interdisant les unions entre personnes de même sexe et restreignant les droits des homosexuels, très critiquée sur la scène internationale.

La loi, adoptée à l'unanimité par les parlementaires nigérians en mai dernier, prévoit une peine de 14 ans de prison en cas de mariage homosexuel et 10 ans d'emprisonnement contre les personnes de même sexe affichant publiquement leur relation.

Le texte prévoit également que «toute personne qui fait fonctionner ou participe à des clubs gais, des sociétés ou des organisations pour homosexuels (...) encourt une peine de 10 années d'emprisonnement».