Le médecin sud-africain Wouter Basson, surnommé «Docteur-la-Mort», qui était à la tête du département de guerre bactériologique du régime d'apartheid, a été condamné mercredi pour comportement non professionnel par le Conseil des professions médicales d'Afrique du Sud (HPCSA).

Cet ancien chirurgien en chef des forces armées sud-africaines de 63 ans pourrait perdre le droit d'exercer la médecine, le conseil ayant statué qu'il a enfreint l'éthique de la profession.

«Les violations de l'éthique médicale représentent une conduite non professionnelle», a déclaré Jannie Hugo, président du comité du HPCSA chargé d'examiner le dossier.

Le Dr Basson était poursuivi pour avoir fourni des capsules de cyanure à des militaires en opération pour un suicide éventuel, des tranquillisants pour des personnes enlevées, et pour avoir supervisé la fabrication de calmants, d'ecstasy et de gaz lacrymogène.

Ces accusations portent sur les activités de Basson à l'époque où il dirigeait le programme d'armement chimique et biologique du gouvernement d'apartheid pendant 12 ans (1980 et début 1990). À l'époque, l'armée sud-africaine combattait les mouvements de libération en Afrique du Sud, en Namibie, en Angola, au Mozambique, au Zimbabwe et en Zambie.

Le HPCSA déterminera la peine de Wouter Basson en février prochain.

M. Basson, qui a plaidé non coupable pour toutes les accusations, n'était pas présent à l'énoncé du verdict.

«C'est un démon. Je suis d'accord avec le comité quand il dit que, en tant que médecin, M. Basson était là pour sauver les gens, et non les tuer», a dit à l'agence Sapa Lizzy Sefulo, 72 ans, veuve d'une victime du temps de l'apartheid.

Selon Lizzy Sefulo, son mari et trois autres militants anti-apartheid ont été drogués en 1987, avant d'être torturés puis tués.

Arrêté en 1997, trois ans après les premières élections démocratiques sud-africaines, son procès a débuté en octobre 1999 devant la Haute Cour de Prétoria. À l'époque, 67 charges étaient retenues contre lui, dont le meurtre, la fraude, et le trafic de drogue.

Au cours de ce procès qui avait duré deux ans et demi, M. Basson avait été dépeint comme le cerveau d'un programme bactériologique et chimique secret baptisé «Project Coast».

Wouter Basson aurait supervisé des programmes d'empoisonnement de combattants namibiens avec des myorelaxants (relaxants pour muscles), infecté l'eau avec le choléra, et intimidé l'archevêque émérite Prix Nobel de la Paix Desmond Tutu par la livraison d'un foetus de babouin.

L'accusation avait présenté 200 témoins à charge, mais M. Basson avait appelé un témoin à sa défense: lui-même. Il avait argumenté qu'il n'avait fait qu'appliquer les ordres du gouvernement sud-africain de l'époque de l'apartheid.

Il a été définitivement acquitté en 2002. Il est actuellement à la tête d'un cabinet de cardiologie au Cap.