Le président Joseph Kabila effectue une tournée dans l'est de la République démocratique du Congo, un déplacement symbole de la «restauration de l'autorité de l'État», trois semaines après la capitulation de la rébellion M23.

Alors que le président Kabila se trouvait lundi à Bunia (nord-est), le chef de l'armée congolaise, Didier Etumba, a de nouveau exhorté «tous les groupes armés tant nationaux qu'étrangers qui hésitent encore à déposer les armes».

De son côté, le général Jean-Lucien Bahuma, commandant de la 8e région militaire, a indiqué que plus de 900 combattants ont été tués dans les affrontements qui ont opposé entre mai et novembre l'armée congolaise et l'ex-rébellion M23. Il a ajouté que 543 hommes ont été capturés, dont 72 Rwandais et 28 Ougandais.

Le président Kabila a commencé sa tournée régionale, en voiture, le 20 novembre à Kisangani, capitale de la Province Orientale (Nord-Est) et troisième ville du pays.

Ce jour marquait le premier anniversaire de la cuisante prise de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu (est), par le M23, rébellion composée essentiellement de Tutsi congolais, qui était soutenue, selon des experts de l'ONU, par le Rwanda et l'Ouganda, qui ont toujours démenti.

Hasard du calendrier ou symbole? «Cela faisait presque deux ans qu'il ne s'était pas rendu de ce côté du pays», a déclaré à l'AFP une source à la présidence.

Reste que ce périple de 1000 kilomètres et le mode de déplacement choisi, la voiture, visent à montrer que l'est du pays est de nouveau sous le contrôle du gouvernement, impuissant ces dernières années face à de multiples guérillas.

Joseph Kabila avait déjà fait ce trajet en voiture en 2009.

Après Kisangani, et Bunia, où il est arrivé dimanche, le président Kabila doit présider un conseil de sécurité à Goma, point culminant de sa tournée dans le pays. Le président de l'Assemblée nationale Aubin Minaku a annoncé que «tous les membres du gouvernement» doivent se rendre» à Goma  à cette occasion.

Fin octobre, le président Kabila avait lancé un ultimatum aux groupes armés qui pullulent dans l'est du pays, les appelant à abandonner la lutte ou y être contraints par la force. Le 5 novembre, après une offensive musclée de l'armée et de la brigade d'intervention de l'ONU, le M23 a capitulé, après un an et demi de rébellion.

«La débandade des rebelles du M23 suivie de leur reddition en Ouganda suite à l'offensive victorieuse des FARDC (l'armée congolaise) a considérablement amélioré la situation sécuritaire dans les régions jadis sous son occupation», a indiqué la Mission de l'ONU en RDC (MONUSCO).

Toujours deux millions de déplacés

«Le processus de restauration de l'autorité de l'État congolais dans le territoire de Rutshuru est en cours», a souligné la MONUSCO, alors que la police remplace progressivement les militaires qui ont récupéré les zones sous contrôle de l'ex-rébellion.

Au Nord-Kivu, quelque 1500 miliciens «auront la possibilité d'être intégrés dans l'armée ou la police s'ils le veulent», a déclaré à l'AFP Julien Paluku, gouverneur provincial.

Ces ex-rebelles, issus de milices d'auto-défense locales Maï-Maï, viennent du Masisi et du Rutshuru, deux territoires riches en ressources naturelles que se disputent les nombreux groupes armés. Pour l'heure, ils sont regroupés à Bweremana, à environ 50 kilomètres au sud-est de Goma, la capitale provinciale.

La plupart d'entre eux étaient actifs dans les milices Nyatura et Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), qui sont accusées d'exactions sur des civils et qui avaient auparavant manifesté leur désir d'intégrer l'armée.

Plusieurs dizaines de groupes armés locaux et/ou venant de pays voisins restent actifs dans l'est de la RDC, instable depuis près de deux décennies.

Parmi ces rébellions étrangères figurent les rébellions ougandaises de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) et les Forces démocratiques alliées-Armée de libération de l'Ouganda (ADF-NALU), la rébellion burundaise des Forces nationales de libération (FNL), mais surtout les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui comptent dans leurs rangs des auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda.

Il reste environ deux millions de personnes déplacées qui ont fui combats et exactions dans l'est de la RDC, selon l'ONU.