Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a recommandé au Conseil de sécurité de prendre éventuellement des sanctions contre des éléments de la coalition Séléka responsables d'exactions en République centrafricaine.

Dans un rapport qui doit être examiné mercredi prochain par le Conseil, M. Ban estime «inadmissible (...) l'absence totale d'État de droit»  dans le pays depuis la prise de pouvoir par l'ex-coalition rebelle en mars dernier.

«J'invite le Conseil de sécurité, écrit-il, à envisager les options appropriées, y compris l'adoption de sanctions ou la mise en place d'un comité d'experts, afin de garantir qu'il n'y ait pas d'impunité pour les responsables de violations flagrantes de droits de l'homme».

Pour M. Ban, «rétablir la paix et la sécurité à Bangui et dans tout le pays est une priorité» et la communauté internationale «doit s'en préoccuper d'urgence».

Le rapport signale «un nombre croissant d'exactions et d'incidents attribués à des éléments incontrôlés de la Séléka»: pillages, cambriolages, agressions sexuelles, «meurtres ciblés» et enrôlement d'enfants soldats.

La situation est particulièrement chaotique en province «où des éléments de la Séléka continuent de rançonner la population civile» et de «semer le chaos sans que leur hiérarchie n'intervienne».

Le rapport fustige «l'impunité dont bénéficient largement les responsables de violences» et déplore «l'absence d'autorité judiciaire en dehors de Bangui».

«La situation humanitaire n'a cessé de se détériorer depuis décembre 2012» et l'insécurité «demeure le principal obstacle à la fourniture d'aide humanitaire», souligne le document. Environ 1,6 million de personnes ont un besoin urgent d'assistance et plus de 12 000 enfants souffrent déjà de «malnutrition aiguë». La crise a déplacé 206 000 personnes dans le pays et fait fuir 60 000 autres dans les pays voisins, dont 41 000 en République démocratique du Congo.

«La prolifération d'armes et l'impunité dont jouissent les groupes armés répandent largement la peur dans la population, ce qui dissuade de nombreuses personnes déplacées de rentrer chez elles», note le rapport.

Sur le plan politique, M. Ban souligne «des divisions croissantes au sein de la Séléka» et «la méfiance persistante» entre le premier ministre, Nicolas Tiangaye, et le nouvel homme fort du pays, Michel Djotodja. «Je demande au premier ministre et à M. Djotodja de travailler ensemble à surmonter d'urgence leurs divergences», écrit M. Ban.

Il recommande au Conseil de «soutenir pleinement» la nouvelle Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), une force de quelque 3600 hommes sous l'égide de l'Union africaine chargée d'aider le gouvernement centrafricain à sécuriser son territoire. La Misca a pris début août le relais de la Force multinationale de l'Afrique centrale.