Le gouvernement de la République démocratique du Congo a salué mardi comme «très bonne» la décision du Conseil de sécurité de l'ONU d'imposer des sanctions aux rébellions congolaise du M23 et rwandaise du FDLR, toutes deux actives dans l'est congolais.

«C'est une condamnation que nous attendions (...) et qui arrive à point nommé car ces groupes risquent de déstabiliser pour des décennies l'Afrique, et particulièrement la région des Grands Lacs. Je pense que c'est une très bonne décision», a déclaré à l'AFP son porte-parole, Lambert Mende.

Le Mouvement du 23 mars (M23) et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) - dont des membres sont soupçonnés de participation au génocide de 1994 contre les Tutsi, qui a fait 800 000 morts selon l'ONU - sont surtout basés dans la province du Nord-Kivu, où ils sont accusés de graves exactions.

Le placement sur la liste noire du Conseil de sécurité impose notamment aux entités ou individus sanctionnés un gel des avoirs et une interdiction de voyager. De telles mesures avaient déjà ciblé individuellement de hauts responsables du M23 et des FDLR.

Lundi, le Conseil a sanctionné deux autres dirigeants du M23. Il s'agit de Jean-Marie Runiga Lugerero, qualifié de «chef civil du Mouvement», et d'Eric Badege, présenté comme «un commandant du M23 soupçonné d'exactions contre des femmes et des enfants», selon l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice.

«Je considère que ces sanctions sont injustes (...) C'est une manipulation pure et simple du gouvernement de Kinshasa qui induit un organe comme les Nations unies en erreur», a déclaré mardi à l'AFP Jean-Marie Runiga, joint par téléphone à Bunagana, une ville frontalière de l'Ouganda sous contrôle du M23.

Selon lui, les sanctions font suite aux allégations du Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (OHCHR) qui a rapporté des «exécutions arbitraires, disparitions forcées, traitements dégradants et viols de civils (commis) par les combattants du M23 dans et autour de Goma», la capitale du Nord-Kivu qu'ils ont prise le 20 novembre et évacuée onze jours plus tard.

«On n'a jamais vérifié ces allégations», a souligné Jean-Marie Runiga, qui dit avoir demandé en vain une enquête à la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), médiatrice dans la crise.

Susan Rice a évoqué l'éventualité de «mesures supplémentaires du Conseil contre ceux qui persistent à fournir un appui extérieur au M23 ou à contrevenir à l'embargo sur les armes» imposé à la RDC. Aucun pays n'est cité mais des experts de l'ONU accusent nommément le Rwanda et l'Ouganda voisins de soutenir les rebelles - accusations réfutées par Kigali et Kampala.

«Nous pensons, quoi qu'on en dise à Kigali, que de telles mesures (les sanctions) ne resteront pas sans lendemain parce que, à l'instar de notre pays, tous ces pays voisins vivent beaucoup de l'aide internationale», a souligné le porte-parole du gouvernement congolais.

«Si des pressions viennent des acteurs multilatéraux comme le Conseil de sécurité, cela ne peut que les pousser dans la bonne direction parce que cela va alourdir le prix de ces aventures militaires qu'ils entreprennent chez nous par rapport aux avantages qu'ils en tirent», a-t-il conclu.