Les opérations de vote ont démarré vendredi au Ghana, où les électeurs élisent leur nouveau président au cours d'un scrutin a priori serré dans un pays qui soigne son image de démocratie exemplaire en Afrique de l'Ouest, une région souvent secouée par les coups d'État et les crises post-électorales.

La bataille pour la présidence de cet État nouvellement pétrolier oppose le dirigeant par intérim John Dramani Mahama et son principal rival d'opposition Nana Akufo-Addo.

Six petits candidats participeront également au scrutin et pourraient s'attirer assez de voix pour empêcher l'un des deux principaux rivaux de remporter l'élection dès le premier tour, auquel cas les Ghanéens voteraient à nouveau le 28 décembre.

À Accra, de longues files d'attente se sont formées vendredi devant plusieurs bureaux de vote, où des électeurs ont passé la nuit pour être les premiers à glisser leur bulletin dans l'urne, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le pays de 24 millions d'habitants a emboîté le pas à d'autres pays africains en instaurant le vote biométrique pour la première fois, afin d'éviter les fraudes.

Le président Mahama, âgé de 54 ans, candidat du NDC (Congrès national démocratique), n'a accédé au pouvoir qu'en juillet, à la mort de son prédécesseur John Atta Mills des suites d'une maladie foudroyante. Il était jusqu'alors vice-président.

Son rival du NPP (Nouveau parti patriotique), Nana Akufo-Addo, âgé de 68 ans, avait perdu la présidentielle de 2008 de moins de 1 % des voix et compte renverser la situation cette fois-ci.

Les électeurs devront aussi désigner un nouveau Parlement qui comprendra 275 sièges au lieu de 230 précédemment. Le NDC avait obtenu quelques sièges d'avance sur le NPP en 2008.

Les deux principaux partis ont alterné au pouvoir depuis l'avènement du multipartisme en 1992, faisant du Ghana - l'ancienne Côte de l'Or britannique indépendante depuis 1957 - un modèle de stabilité dans une région où les élections sont souvent synonymes de crises violentes. C'est d'ailleurs à Accra que le président Barak Obama avait effectué sa première visite en Afrique subsaharienne en 2009.

Cependant, selon les analystes, la rivalité entre les deux principaux partis s'est tendue.

«Désormais, on a du pétrole»

«Si vous vous emparez de la présidence, vous contrôlez l'appareil d'État. Or désormais, on a du pétrole. Les caisses de l'État seront pleines à ras bord», note Gyimah-Boadi, professeur de sciences politiques à l'Université du Ghana.

Devant un bureau de vote de la capitale, une électrice raconte être venue à une heure du matin, et avoir attendu toute la nuit sur une chaise en plastique, en lisant un livre, afin de pouvoir voter avant de commencer le travail à 8 h. «Je dois voter, car je suis Ghanéenne et les élections, c'est mon avenir», déclare Comfort Baiden.

Mahta Amwa, une électrice de 57 ans, mère de 4 enfants, attend devant un autre bureau de vote depuis quatre heures du matin, parce qu'elle veut «être la première» à mettre son bulletin dans l'urne.

«Je veux voter pour mon pays», dit-elle, soulignant qu'elle «vote depuis 1992».

Le Ghana est aussi considéré comme une nation émergente, avec une forte croissance économique due en grande partie à ses exportations de cacao et d'or, auxquelles vient s'ajouter, depuis 2010, une production pétrolière encore modeste, mais pleine de promesses.

La campagne a été plus axée que jamais sur les programmes des candidats, même si dans ce pays de 24 millions d'habitants les appartenances ethniques et régionales continuent à avoir leur importance.

Le nord, plus pauvre, est la région natale de Mahama et le bastion du NDC avec la région de Volta, dans l'est. Le NPP domine dans le centre. L'ouest et la région d'Accra (sud-est) sont considérés comme plus changeants.

La gestion de la manne financière générée par le pétrole a été au coeur des débats. Mahama a promis plus d'investissements dans les infrastructures, Akufo-Addo a défendu sa promesse phare, le lycée gratuit pour tous.

On compte 14,7 millions d'inscrits sur les listes électorales et les résultats devraient être communiqués dans les deux jours suivant l'élection.