Julius Malema, le président de la Ligue de jeunesse du Congrès national africain (ANC), tout juste suspendu de ses fonctions pour indiscipline, a repris du service mercredi pour dénoncer «une chasse aux sorcières» et prédit la fin de l'ANC si le parti étouffe le débat.

Julius Malema, 30 ans, occupe le devant de la scène politique depuis 2008 en raison notamment de ses provocations, qui lui ont valu cinq ans de suspension.

Selon lui, les sanctions prises par le parti contre lui et cinq de ses lieutenants sont disproportionnées et «révèlent une chasse aux sorcières», a-t-il dit lors d'une conférence de presse, en rappelant qu'il ferait appel.

Il a prédit la fin de l'ANC, au pouvoir depuis les premières élections démocratiques d'Afrique du Sud en 1994, si le parti étouffe le débat interne.

«Si l'ANC utilise son pouvoir pour régler les différends politiques et personnels et supprimer le débat idéologique, le mouvement va se désintégrer», a-t-il dit, estimant que le conseil de discipline n'était pas le bon lieu pour vider des querelles personnelles.

«Certains pensent à l'ANC qu'en se débarrassant de certains leaders de la Ligue de jeunesse, ils vont ruiner ses batailles politiques et idéologiques, notamment sur la nationalisation des mines et l'expropriation foncière sans compensation», a-t-il poursuivi.

L'une de ses grandes idées est notamment la nationalisation des mines, ou, suivant l'exemple zimbabwéen, l'expropriation des importantes surfaces foncières détenues par des Blancs, afin de les redistribuer aux Noirs.

«Seuls ceux qui ne veulent pas voir peuvent croire que cette affaire est une pure question de discipline et ne sert pas à marquer des points politiquement et étouffer le débat», a-t-il ajouté.

L'ANC a réagi en dénonçant des «insinuations politiques sans fondement» et souligné qu'«à aucun moment les membres de l'ANC incriminés n'avaient été accusés d'avoir plaidé pour la liberté économique, pour des nationalisations ou la saisie de terres sans compensation».

Pour cette conférence de presse, la première depuis que le conseil de discipline de l'ANC lui a ordonné de quitter la présidence de la Ligue de jeunesse, Malema a pu utiliser le siège du parti, dans le centre historique de Johannesburg.

Le jeune tribun a soutenu que ses déclarations virulentes ressemblaient à celles, en son temps, de Nelson Mandela, qui co-fonda la Ligue de jeunesse dans les années 1940, pour pousser ensuite l'ANC à choisir la lutte armée pour combattre l'apartheid.

«Vouloir détruire la ligue de jeunesse parce que Malema vous irrite est une erreur. Cela revient à détruire l'héritage de Nelson Mandela et d'Oliver Tambo», autre figure de la lutte anti-apartheid, a-t-il lancé.