L'ancien chef de milice de la République démocratique du Congo (RDC), Thomas Lubanga, le premier accusé de la Cour pénale internationale (CPI), a clamé son innocence vendredi au dernier jour de son procès pour l'enrôlement d'enfants soldats de moins de 15 ans.

«Tout au long de la procédure devant cette auguste cour, il m'a été impossible de me reconnaître dans les faits criminels qui me sont imputés», a assuré aux juges M. Lubanga au cours d'une audience à La Haye, où siège la CPI.

Évoquant les «convictions et valeurs nobles» selon lesquelles il affirme avoir été éduqué, M. Lubanga a soutenu: «ce sont ces convictions et valeurs qui m'ont toujours guidé dans mes actions (...) et dans les actions que j'ai menées contre l'enrôlement des mineurs».

Thomas Lubanga, 50 ans, est jugé pour l'enrôlement et la conscription d'enfants de moins de 15 ans et pour les avoir fait participer activement à des hostilités pendant la guerre civile en Ituri entre septembre 2002 et août 2003, selon l'accusation.

Le procès pour crimes de guerre de Thomas Lubanga, fondateur et dirigeant présumé de l'Union des patriotes congolais (UPC) et ex-commandant des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLD), s'était ouvert le 26 janvier 2009. Il plaide non coupable.

Les déclarations de Thomas Lubanga ont clôturé les deux journées d'audience au cours desquelles l'accusation et les représentants des victimes, jeudi, et la défense, vendredi, se sont exprimés pour la dernière fois devant les juges avant que ceux-ci ne se retirent pour délibérer.

«Cela met un terme à cette partie du procès», a déclaré le juge président Adrian Fulford après l'intervention de Thomas Lubanga.

Le magistrat n'a pas indiqué quand serait rendu le jugement dans le procès, le premier de la CPI, assurant que «toute tentative de faire des pronostics se conclut invariablement par un échec».

Plus tôt dans l'après-midi, la défense avait affirmé que des témoins de l'accusation présentés comme des enfants soldats avaient menti devant les juges après avoir été payés par des intermédiaires du bureau du procureur.

«Les dossiers scolaires (...) démontrent sans aucun doute possible que ces enfants étaient sur les bancs de l'école au moment où ils prétendaient avoir été soumis aux pires atrocités», a soutenu Catherine Mabille, l'avocate principale de M. Lubanga.

Le procès de Thomas Lubanga avait été suspendu le 8 juillet 2010 pendant trois mois, à la suite du refus du procureur de communiquer à la défense le nom d'un intermédiaire chargé de retrouver des témoins des crimes dont est accusé M. Lubanga.

Des faux témoignages avaient été «fabriqués» avec le concours d'intermédiaires et la collaboration du bureau du procureur, selon la défense, qui avait réclamé en vain un arrêt définitif du procès.