Des raids aériens menés mardi matin contre le Kordofan-Sud, dans le centre du Soudan, sont en train de causer d'«énormes souffrances» à la population civile et de mettre en danger l'aide d'urgence, a déploré l'ONU.

«Nous sommes extrêmement inquiets à propos des bombardements, qui sont en train de causer d'énormes souffrances à la population civile et de mettre en danger l'aide humanitaire», a déclaré à l'AFP Kouider Zerrouk, porte-parole de la mission de l'ONU au Soudan.

«Les bombardements intenses de la semaine dernière par les SAF (Forces armées soudanaises, armée nordiste) se poursuivent à Kadougli et Kauda, où des avions ont lancé 11 bombes à 10H30 du matin (03H30 HAE), apparemment visant un aérodrome», a-t-il ajouté.

Poursuite des négociations

Pendant ce temps, les représentants du Nord et du Sud Soudan ont poursuivi mardi à Addis Abeba, pour la troisième journée consécutive, leurs négociations sur l'enclave d'Abyei et les modalités de mise en oeuvre d'un accord de principe prévoyant le retrait des troupes de Khartoum.

Le médiateur de l'Union africaine (UA) pour le Soudan, le Sud-Africain Thabo Mbeki, a obtenu au cours des dernières 48 heures l'assentiment, sous condition, du président Omar el-Béchir et de son vice-président sud-soudanais Salva Kiir pour une démilitarisation d'Abyei et le déploiement de Casques bleus éthiopiens.

Après cette relative avancée, MM. Béchir et Kiir ont quitté Addis Abeba, laissant le soin à leurs représentants de négocier les détails et les délicates modalités de cette démilitarisation de l'enclave contestée, à la limite entre le Nord et le Sud.

Il y a eu «un accord de principe (...) Beaucoup de choses restent à régler, comme le financement des Casques bleus éthiopiens, leur nombre, la date de leur déploiement», a indiqué à l'AFP un collaborateur de M. Mbeki et membre de l'équipe de médiation de l'UA, Barney Afako.

«Je dirais que c'est un progrès significatif, et nous sommes heureux que les deux parties soient ici à Addis Abeba et engagées» dans les négociations, a souligné M. Afako.

«Ces deux derniers jours, le sujet a été la démilitarisation d'Abyei», a-t-il expliqué, «mais il a été aussi question de rétablir la sécurité ailleurs sur la frontière nord-sud».

De passage mardi à Addis Abeba, troisième et dernière étape d'une tournée africaine, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'est dite favorable à un tel plan pour Abyei, suggérant aux deux parties «de s'accorder» sur la proposition de l'Éthiopie d'envoyer des Casques bleus.

Les troupes nordistes, appuyées par des blindés, sont entrées le 21 mai dans Abyei, en réponse à une attaque meurtrière deux jours plus tôt contre un convoi de l'armée au nord de la région, dans laquelle au moins 22 soldats nordistes ont été tués.

Près de 100.000 personnes ont fui les combats à Abyei, selon les Nations unies, qui ont qualifié de «tendue et imprévisible» la situation dans la ville.

La majorité sont des Dinka Ngok, partisans du Sud, qui se sépareront officiellement du Nord le 9 juillet.

Les combats se sont étendus depuis de part et d'autre de la ligne de démarcation entre Nord et Sud: dans l'État nordiste du Kordofan Sud, et ces derniers jours dans l'État sudiste de Unity, deux champs de bataille pendant la guerre civile entre nordistes et sudistes (1983-2005).

Ces violences font craindre une reprise de la guerre à grande échelle, après la signature d'un accord de paix (CPA) en 2005 et à quelques semaines de la déclaration formelle d'indépendance du Sud Soudan le 9 juillet.

Les négociations sur Abyei sous l'égide de l'UA se déroulent depuis de longs mois à Addis Abeba, avec la facilitation de l'Éthiopie. M. Mbeki a fait un certain nombre de propositions sur le futur statut de la région.

Abyei devait organiser en janvier un référendum local pour choisir son rattachement à l'une ou l'autre partie, parallèlement à la tenue du référendum au Sud Soudan qui a vu l'écrasante majorité voter en faveur de la sécession.

Faute d'accord, notamment sur le droit de vote des arabes nomades Misseriya, le référendum d'Abyei avait été reporté sine die et les combats armés s'y sont multipliés, jusqu'à l'intervention de l'armée nordiste (SAF).

Le pouvoir à Khartoum a justifié son intervention par les «infiltrations» de soldats sudistes dans la région, et l'embuscade du 19 mai contre une colonne des SAF.