Le ministre ivoirien de la justice Jeannot Kouadio Ahoussou a accusé samedi des forces fidèles au président déchu Laurent Gbagbo d'être impliquées dans les rapts de quatre étrangers, dont deux Francais, le 4 avril à Abdijan.

Dans un entretien avec l'AFP le ministre a assuré que la piste principale dans ces enlèvements est celle de l'implication de «miliciens et d'éléments de la Garde républicaine» de l'ex-président Gbagbo.

«La justice a été saisie et une enquête pour enlèvement a été ouverte. Rien ne restera impuni», a promis M. Ahoussou.

Les deux Français sont le directeur de l'hôtel Novotel d'Abidjan, où a eu lieu l'enlèvement, et un chef d'entreprise.

Ils ont été enlevés par des hommes armés en treillis, en compagnie de deux autres personnes, un Malaisien et un Béninois, alors qu'Abidjan était en proie à de violents combats entre fidèles du président sortant Laurent Gbagbo et partisans d'Alassane Ouattara.

Une juge française doit se rendre dans les prochains jours à Abidjan dans le cadre d'une enquête ouverte le 22 avril par le parquet de Paris pour «enlèvement, séquestration et vol».

Des plaintes ont été déposées par le groupe Accor, qui gère le Novotel d'Abidjan, et les familles des deux Français enlevés.

Le nouveau président Alassane Ouattara s'est dit «très inquiet» pour le sort des deux Français, dans un entretien au quotidien français La Croix publié jeudi.

«J'ai demandé à ce que les responsables militaires arrêtés soient interrogés. Cela n'a encore rien donné», avait-il déclaré.

La redoutée Garde républicaine, forte de quelques 2500 hommes, représentait un des piliers sécuritaires du régime de Laurent Gbagbo. Elle était dirigée par le général Bruno Dogbo Blé, arrêté le 15 avril.

La Garde républicaine était régulièrement accusée d'être responsable d'exactions contre les civils lors de la crise qui a suivi le scrutin présidentiel de novembre 2010, remporté par M. Ouattara mais dont le résultat n'a pas été accepté par M. Gbagbo, qui a été arrêté le 11 avril.

Samedi matin, quatre quotidiens ivoiriens ont publié sur une demi-page un «appel à témoins», avec les photos et noms des quatre personnes enlevées: les Français Stéphane Frantz di Rippel (directeur du Novotel), Yves Lambelin (président de Sifca, première entreprise privée de Côte d'ivoire), le Malaisien Chelliah Pandian (directeur général de Sania, filiale du groupe Sifca) et le Béninois Raoul Adeossi (assistant de M. Lambelin).

L'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, Jean-Marc Simon, avait déjà lancé le 15 avril à la télévision ivoirienne un appel à témoins, faisant part de sa «grande préoccupation» et de la «grande émotion dans la communauté française».

Près de 3.000 personnes ont été tuées lors des quatre mois de crise et de combats en Côte d'Ivoire, selon les autorités. Les Nations unies font état de plus de 1000 morts.