Les Nigérians faisaient la queue samedi pour élire députés et sénateurs dans le pays le plus peuplé d'Afrique qui cherche à surmonter une histoire électorale entachée par les fraudes et violences. Malheureusement pour eux, le scrutin a été reporté à lundi.

Quelques heures avant le scrutin, des islamistes présumés ont attaqué un poste de police dans le nord et des retards avaient marqué l'ouverture des bureaux de vote prévue à 08H00 (07H00 GMT).

Deux heures plus tard, certains bureaux restaient fermés tandis que dans l'état de Gombe (nord), la commission électorale a annoncé le report des sénatoriales en raison d'erreurs sur les bulletins.

Tout cela n'a pas découragé les électeurs. «C'est un grand moment pour les Nigérians et leur avenir», a dit Funsho Akindele, un plombier de 52 ans, qui avait fait la queue depuis 06H30 avant que son bureau de vote à Lagos n'ouvre avec une heure de retard.

Le début du vote proprement dit était prévu à 12H30 pour permettre des vérifications sur les inscrits et bulletins. Les bureaux ne devaient fermer que quand tous ceux qui le voulaient auraient pu voter.

L'élection des 360 membres de la chambre des représentants et des 109 sénateurs sera lundi la première d'une série prévue dans le mois. La plus importante, la présidentielle, a été fixée au samedi 9 avril. Elle sera suivie le 16 d'élections régionales.

Le parti démocratique du peuple (PDP), au pouvoir, dispose d'une confortable majorité au Parlement mais des analystes estiment que le scrutin de lundi pourrait lui faire perdre une quantité significative de sièges.

Violences

La campagne électorale a été marquée par des violences, dont des attentats à la bombe et des attaques contre les manifestations politiques, mais les responsables ont promis la tenue d'un scrutin libre et juste.

Les autorités ont déployé massivement des policiers pour assurer la sécurité des quelque 73,5 millions d'électeurs et des membres de la commission électorale indépendante (INEC). Les frontières terrestres du Nigeria ont même été fermées vendredi.

Vendredi soir, des militants islamistes présumés ont attaqué à l'explosif un poste de police du nord du Nigeria, a déclaré la police, sans qu'on sache s'il y avait des victimes.

«Des hommes armés soupçonnés d'appartenir à la secte Boko Haram ont attaqué le poste de police de Dutsen Tanshi», dans la ville de Bauchi, a déclaré un porte-parole Mohammed Barau.

La secte Boko Haram, active dans le nord du Nigeria, est accusée d'être derrière une série d'assassinats de policiers, de dirigeants communautaires et d'attaques d'églises au cours des derniers mois.

Auteurs d'un soulèvement réprimé dans le sang en 2009, ses militants se battent pour la création d'un État islamique au Nigeria, dont la population de 150 millions d'habitants est partagée entre chrétiens et musulmans.

Le président de l'INEC, Attahiru Jega, un universitaire respecté, a exhorté le pays premier producteur africain de pétrole à organiser des élections crédibles et martelé que les scrutins cruciaux qui débutent samedi doivent bien se dérouler.

«Conduire ces scrutins avec succès est d'une importance capitale pour l'avenir de notre Nation, c'est pourquoi nous ne devons pas échouer et il faut que cela se passe bien», a-t-il déclaré.

M. Jega a également expliqué que beaucoup de gens espéraient que plus de 10 ans après le retour à un régime civil «un système démocratique stable au sein duquel des élections libres, justes et crédibles seraient habituelles» aurait été instauré.

«Malheureusement, ce n'est pas encore le cas et les Nigérians attendent toujours de récolter les dividendes de la démocratie», a-t-il dit.