L'Égypte a accusé dimanche un groupe radical palestinien d'être responsable de l'attentat meurtrier commis contre une église copte d'Alexandrie (nord) la nuit du Nouvel An, qui a provoqué un regain d'inquiétude pour les chrétiens d'Orient.

«Le groupe palestinien de l'Armée de l'Islam, lié à Al-Qaïda, est derrière l'attentat contre l'église des Saints à Alexandrie», a déclaré le ministre de l'Intérieur Habib al-Adli.

L'Armée de l'Islam a rapidement démenti en affirmant par la voix d'un porte-parole à Gaza n'avoir «aucune relation, de près ou de loin» avec cet attentat et en rejetant la faute sur les services de renseignement israéliens.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a coupé les ponts avec l'Armée de l'Islam en 2007, a défendu le groupe salafiste: «Nos armes sont dirigées directement vers l'ennemi sioniste et le champ de bataille avec cet ennemi est à l'intérieur de la Palestine», a déclaré à l'AFP Fawzi Barhoum, un porte-parole du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.

Dans un discours devant des officiers et des agents, le président Hosni Moubarak a remercié la police «pour avoir trouvé les responsables de l'attentat terroriste d'Alexandrie», sans donner plus de détails.

Pour cet attentat qui n'a pas été formellement revendiqué, l'agence officielle égyptienne Mena a évoqué un bilan de 23 morts, contre 21 annoncés auparavant, ainsi que des dizaines de blessés.

Selon un responsable des services de sécurité, cinq Égyptiens ont été arrêtés il y a une dizaine de jours à Alexandrie dans le cadre de l'enquête et ont déclaré lors de leurs interrogatoires que l'attaque avait été préparée «de l'extérieur».

M. Moubarak avait rapidement mis en cause des «mains étrangères», deux mois après des menaces contre les chrétiens d'Égypte lancées par la branche irakienne d'Al-Qaïda, qui avait revendiqué l'attentat du 31 octobre contre une cathédrale de Bagdad (46 fidèles tués).

Dans son discours dimanche, le président égyptien a répété ces accusations: «Le terrorisme ne fait pas partie de notre société, et porte la marque de l'étranger».

«L'attentat d'Alexandrie représente une tentative pitoyable de faire revenir (le terrorisme) en Égypte (...) afin de provoquer la division entre les Coptes et les musulmans», a-t-il insisté.

Les Coptes, pour la plupart orthodoxes avec une minorité catholique, représentent 6 à 10% de la population égyptienne, en grande majorité sunnite.

L'attentat d'Alexandrie a relancé les inquiétudes de cette minorité qui s'estime victime de discriminations. Quelques jours plus tard, une fusillade dans un train contre un groupe de passagers coptes a d'ailleurs fait un mort, même si les autorités ont démenti que le meurtrier, un policier, ait volontairement visé des Coptes.

L'attentat d'Alexandrie a relancé les appels, particulièrement dans les pays occidentaux et au Vatican, pour un renforcement de la sécurité des chrétiens d'Orient.

Mais refusant toute «pression ou ingérence dans les affaires intérieures de l'Égypte», M. Moubarak a prévenu dimanche «ceux qui, dans certains pays amis, appellent à la protection des Coptes d'Égypte, que le temps de la protection et de la tutelle étrangère (était) révolu et ne (reviendrait) pas».

L'Égypte a rappelé pour consultations son ambassadeur au Vatican à la suite de propos du pape Benoît XVI sur la protection des chrétiens d'Orient. La grande institution sunnite d'Al-Azhar, qui siège au Caire, a de son côté suspendu son dialogue avec le Saint-Siège pour le même motif.