Les troubles sociaux qui agitent la Tunisie depuis plusieurs jours ont fait 21 morts, a annoncé mardi soir le ministre tunisien de la Communication Samir Laâbidi, alourdissant le bilan officiel qui faisait précédemment état de 18 morts.

Cependant, en se fondant sur les informations fournies par des sources au sein des syndicats et des partis d'opposition, l'Associated Press a dénombré 44 décès.

«Nous déplorons ces pertes et nous compatissons avec les familles endeuillées car toute goutte de sang d'un Tunisien nous attriste», a déclaré Samir Laâbidi, qui donnait mardi soir son premier point de presse depuis sa récente nomination en tant que porte-parole du gouvernement.

Assurant vouloir «faire preuve du maximum de transparence», il a annoncé la création d'un bureau de communication doté d'un numéro vert destiné aux journalistes. «Nous fournirons les informations que demanderont les représentants de la presse dans un délai ne dépassant pas l'heure», a-t-il promis.

Évoquant les protestations sociales qui secouent depuis plus de trois semaines le pays, sur fond de chômage et de précarité, il a jugé «légitimes les revendications de la population et des jeunes». «Le message a été entendu», a-t-il affirmé en prévoyant une révision de certains choix économiques et sociaux.

«Toutes les manifestations pacifiques sont normales et acceptées, mais la violence qui viendrait à menacer la sécurité et la stabilité (du pays) est une ligne rouge à ne pas franchir», a-t-il averti.

Il a accusé des «bandes cagoulées d'actes de vandalisme contre des édifices de souveraineté et des établissements publics et bancaires», en déclarant que ces groupes étaient financés par des «extrémistes, des islamistes et des partis de gauche».

Nouveaux heurts près de Tunis

Des groupes de jeunes manifestants ont brûlé un autobus et saccagé des commerces et une banque, en criant «nous n'avons pas peur», a rapporté à l'AFP, un témoin oculaire.

Une femme a indiqué en outre que les manifestants à visage découverts ont barré la route qui conduit à Bizerte à hauteur de la cité populaire.

La police a tiré des gaz lacrymogènes et des tirs ont été entendus par cette femme, qui ne pouvait déterminer s'il s'agissait de balles réelles.

Ces heurts qui ont commencé après 18h00, heure locale, et se sont poursuivis pendant deux heures, seraient les plus graves dans la banlieue de Tunis, où des manifestations ont été étouffées mardi.

-Avec AFP