Des milliers de Sud-Soudanais faisaient la queue à l'aube dimanche matin devant les bureaux de vote avant le début du référendum d'indépendance de cette région pouvant mener à la partition du Soudan, plus grand pays d'Afrique, selon des journalistes de l'AFP.

«Le jour que nous attendions depuis si longtemps est enfin arrivé. Nous faisons la file pour l'indépendance», a déclaré David Kol, qui patientait depuis une heure du matin (17 h, heure de Montréal) devant le mausolée de John Garang, ancien chef de la rébellion sudiste décédé en 2005 dans un crash d'hélicoptère.

Des centaines de personnes patientaient devant ce mausolée, où est situé un bureau de vote, et devant différents centres de scrutin de Juba, la capitale Sud-Soudanaise. Les bureaux de vote doivent s'ouvrir à 8 h (minuit, heure de Montréal) et le scrutin se dérouler sur une semaine.

Environ quatre millions de Sudistes, vivant au Sud-Soudan, dans le nord du pays et à l'étranger, sont invités à se rendre aux urnes pour choisir entre le maintien de l'unité ou la sécession au cours de ce scrutin historique, qui remet en cause les frontières héritées de la colonisation occidentale en Afrique.

La majorité simple (50% + une voix) est considérée comme la note de passage pour l'option sécessionniste, mais au moins 60% des électeurs inscrits doivent voter afin que le résultat soit valide, selon les règles établies par la commission référendaire.

Les bulletins de vote sont imprimés en anglais et en arabe, mais parce que la majorité des Sudistes est analphabète, les organisateurs ont associé un signe à chaque option: une poignée de main pour l'unité et une main ouverte pour la sécession.

Ce scrutin est le point cardinal de l'accord de paix global (CPA) ayant mis fin en 2005 à la deuxième guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud, afro-chrétien, un conflit à l'origine de deux millions de morts et de quatre millions de déplacés.

La première guerre civile (1955-1972) avait débouché sur un statut d'autonomie pour le Sud-Soudan.

Analystes et responsables politiques à Khartoum pronostiquent une victoire de l'option sécessionniste, ce qui aboutirait à la création d'un nouveau pays - le 193e du monde - dès le mois de juillet, date de la fin de la période intérimaire de six ans initiée par le CPA.

Khartoum s'est engagé à reconnaître une sécession du Sud si le scrutin était «libre et transparent». Des observateurs soudanais et du monde entier sont sur le terrain pour surveiller le processus.

Le Sud-Soudan, région pétrolière de plus de 8,5 millions d'habitants, serait amené à devenir l'un des pays les plus pauvres sur la planète. L'ambiance était déjà à la fête ces derniers jours dans les principales villes du Sud-Soudan, mais des affrontements meurtriers dans des zones sensibles à la frontière Nord-Sud ont assombri samedi les préparatifs.

Le président américain Barack Obama avait demandé samedi que les Sud-Soudanais, qui se prononcent à partir de dimanche par référendum sur le maintien de l'unité avec le reste du Soudan ou la sécession, puissent voter librement, sans intimidation.

«Maintenant, le monde observe, rassemblé dans sa détermination à s'assurer que toutes les parties au Soudan souscrivent à leurs obligations. Alors que le référendum se tient, les électeurs doivent avoir accès aux bureaux de vote et pouvoir voter sans intimidation», a déclaré M. Obama dans une tribune publiée dans le New York Times.

«Toutes les parties doivent s'abstenir de rhétorique enflammée ou d'actions de provocation qui pourraient aviver les tensions ou empêcher les électeurs d'exprimer leur choix», a-t-il ajouté.