Le Programme alimentaire mondial (PAM) a appelé jeudi à une «enquête indépendante» sur ses opérations en Somalie, après un rapport d'un panel onusien estimant que près de la moitié de son aide alimentaire dans ce pays était détournée.

«Le PAM accueillera positivement une enquête indépendante sur ses opérations en Somalie», indique un communiqué de l'agence, qui se dit «prêt à coopérer totalement».

«L'intégrité de notre organisation est d'une importance capitale, nous examinerons et enquêterons sur toutes les questions soulevées par ce rapport», a affirmé la directrice exécutive du PAM, Josette Sheeran, citée par le communiqué.

Selon un rapport du Groupe de contrôle sur la Somalie (en charge de surveiller l'embargo sur les armes dans ce pays), dont l'AFP a eu en partie connaissance, près de «30% de l'aide (du PAM) est détournée par des partenaires locaux et les personnels de l'agence, 10% par les transporteurs routiers, et 5 à 10% par les groupes armés qui contrôlent la zone».

Le Groupe de contrôle a pointé «l'existence d'un cartel de facto, caractérisé par des procédures irrégulières dans l'attribution des contrats du PAM, des pratiques discriminatoires et des traitements préférentiels».

Toujours selon ce rapport, trois hommes d'affaires somaliens se partagent ainsi à eux seuls 80% des 200 millions de dollars de la distribution de l'aide, une chaîne qu'ils dominent depuis douze ans «avec leurs familles et proches associés».

En attendant les résultats d'une enquête indépendante, «le PAM cessera de travailler avec ces trois entrepreneurs», assure le communiqué.

«De nombreux points soulevés par le Groupe de contrôle ont déjà été pris en compte», d'autres sont en contradiction avec les faits et les informations dont disposent le PAM, affirme encore l'agence onusienne.

Le PAM vient en aide à quelque 2,5 millions de personnes et intervient essentiellement dans le centre-sud de la Somalie, sous contrôle des insurgés islamistes shebab.

Du fait de l'insécurité, le transport et la distribution de cette assistance alimentaire sont assurées localement par des partenaires somaliens.

Le PAM avait annoncé début janvier la suspension de ses activités dans cette partie du pays en raison de la multiplication des «attaques et menaces» dont il était victime.