Les principales mouvances politiques de Madagascar ont trouvé un accord mardi à Antananarivo sur les noms des dirigeants de la transition malgache à l'issue d'une réunion du groupe international de contact (GIC).

Selon cet accord de principe, l'actuel homme fort de la Grande Ile, Andry Rajoelina, continuera d'assurer la présidence de la transition.

Eugène Mangalaza, de la mouvance de l'ex-président Didier Ratsiraka, assurera les fonctions de Premier ministre, levant ainsi le principal blocage à la mise en oeuvre des accords inter-malgaches signés à Maputo le 9 août sous la médiation de la communauté internationale.

Dans sa déclaration finale, le Groupe de contact international «a noté avec satisfaction les développements importants intervenus ce jour à travers le consensus réalisé sur les postes suivants: Président de la transition Andry Rajoelina, vice-président Emmanuel Rakotovahiny (ancien Premier ministre de l'ex-président Albert Zafy), et Premier ministre, chef du gouvernement de consensus, Eugène Mangalaza».

Historien et universitaire à Toamasina (ex-Tamatave - côte est), M. Mangalaza est un partisan de longue date de l'ex-président Ratsiraka.

«Le GIC a affirmé que seule la mise en oeuvre stricte des accords de Maputo permettra le retour complet de Madagascar dans le concert des Nations et le rehaussement du niveau de la coopération internationale», poursuit le texte.

Ces nominations marquent une avancée notable dans la mise en oeuvre de l'accord de Maputo, bloqué depuis presque deux mois sur la répartition des postes au sein de la future transition.

La volonté de l'actuel homme fort de l'île, Andry Rajoelina, de conserver à son poste l'actuel Premier ministre Monja Roindefo constituait le principal point d'achoppement.

L'accord de principe obtenu mardi devra toutefois être entériné par les chefs de file des quatre mouvances.

«Pour finaliser le gouvernement, on aura besoin que les chefs des quatre mouvances se réunissent le plus vite possible», a précisé à la presse le président de la commission de l'Union africaine, Jean Ping.

Cependant, la délégation du président évincé Marc Ravalomanana a fait état de son «objection» à ce que M. Rajoelina puisse se présenter à la présidentielle au terme de la transition.

Les accords de Maputo prévoient la tenue d'élections générales d'ici 2010.

Réuni dans un grand hôtel de la capitale malgache, le GIC, dirigé par M. Ping, a débattu toute la journée à huis-clos avec les quatre mouvances politiques de l'île représentant M. Rajoelina, M. Ravalomanana et les deux anciens présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy.

Lâché par l'armée, M. Ravalomanana avait remis le 17 mars ses pouvoirs à un directoire militaire qui les avait immédiatement transférés à Andry Rajoelina, devenu en quelques mois son principal opposant.

Le 8 septembre, un nouveau gouvernement «de consensus» avait été formé par M. Rajoelina et son Premier ministre. Jugée «unilatérale», l'initiative avait été immédiatement rejetée par les adversaires de M. Rajoelina et par la communauté internationale.

Dimanche, M. Rajoelina avait finalement dit son intention d'appliquer les accords de Maputo et de nommer un Premier ministre de consensus à la place de M. Roindefo, à condition d'obtenir un engagement international sur un soutien au processus électoral et une levée des sanctions qui frappent actuellement le pays.

Outre l'UA, le GIC est composé de l'ancien président mozambicain et chef de la médiation internationale Joaquim Chissano ainsi que de représentants des Nations unies, de l'Organisation Internationale de la Francophonie, de la Commission de l'océan Indien, de l'Union Européenne, de la France et des Etats-Unis.