L'armée malienne a annoncé mercredi avoir tué 26 «combattants islamistes» en attaquant mardi, pour la première fois, une base de la branche maghrébine d'Al-Qaeda sur son sol, deux semaines après l'assassinat d'un otage britannique.

L'opération a été menée dans l'extrême nord du Mali, à la frontière avec l'Algérie, sur le territoire de la localité de Garn-Akassa située à l'ouest de l'oasis de Tessalit, selon une source sécuritaire.C'est là que les militaires maliens affirment avoir «détruit» une base d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), dans le désert du Sahara.

«Lorsque nos troupes ont pris possession de la base des combattants islamistes, nous avons compté 26 éléments ennemis tués. Certains étaient même enterrés dans une fosse commune par les salafistes qui ont pris la fuite» a affirmé mercredi à l'AFP une source sécuritaire dans le nord.

Une source indépendante, également jointe par téléphone dans le nord, a de son côté déclaré: «C'est sûr que des Maliens en armes ont pris le contrôle d'un périmètre jusque-là considéré comme une zone d'action des salafistes. Mais les bilans qui nous parviennent pour le moment font état de 16 morts».

«Il y aurait aussi quelques victimes dans les rangs de l'armée», un véhicule ayant «sauté sur une mine» a ajouté cette source, sans que l'armée confirme cette information.

Les autorités de Bamako avaient annoncé, il y a deux semaines, leur intention de mener une «lutte sans merci contre tous les groupes terroristes».

Un responsable au ministère de l'Intérieur expliquait alors être «en discussion avancée avec des pays comme la France, l'Algérie, les États-Unis et le Canada pour coordonner les actions» de lutte contre les «islamistes armés».

Au début du mois, Aqmi avait revendiqué avoir tué, pour la première fois, un otage occidental. Le Britannique assassiné, Edwin Dyer, faisait partie d'un groupe de quatre touristes européens capturés en janvier au Niger voisin. Deux femmes avaient été libérées en avril.

Mais un ressortissant suisse, Werner Greiner, reste actuellement aux mains des ravisseurs.

Selon une source sécuritaire, l'attaque de mardi a visé «le groupe d'Abdelhamid Abou Zeid, (l'émir) d'Al-Qaeda, qui a tué l'otage britannique». Cet homme algérien avait été décrit comme «un islamiste violent et brutal» par un négociateur ayant tenté d'obtenir la libération des otages.

Par ailleurs, une source sécuritaire malienne a assuré que «parmi les salafistes tués (mardi), il y a des commanditaires et très probablement un ou deux auteurs de la mort de l'officier malien tué la semaine dernière à Tombouctou» (nord-ouest). Ce lieutenant-colonel avait été tué par balles, chez lui, par des hommes soupçonnés d'appartenir à Aqmi.

L'armée a envoyé mercredi des renforts sur le terrain: un premier groupe doit sécuriser la zone de l'attaque, où circulerait souvent Abou Zeid, et un second est parti vers le nord-ouest.

De l'avis d'une source indépendante, les salafistes «défaits» et «acculés» vont «sûrement demander aussi un renfort ou quitter totalement la zone».

Aqmi, dont les éléments sont issus de l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en Algérie, tente depuis 2006 d'enrôler sous sa bannière les mouvements armés islamistes du Maghreb et du Sahel.

Une source algérienne interrogée mercredi par l'AFP a affirmé suivre de «très près la situation». «Le Mali nous trouvera bien évidemment à ses côtés pour lutter contre le terrorisme», a-t-elle ajouté.