Une femme a été tuée à Antananarivo vendredi matin lors de la dispersion d'un rassemblement de partisans du président évincé de Madagascar Marc Ravalomanana, interdit par les forces de l'ordre, a-t-on appris de source hospitalière.

«Une dame est morte ce matin», a déclaré à l'AFP le chef des urgences du principal hôpital de la capitale malgache (HJRA) Cornell Rafolohanitrarivo, sans plus de précisions.

Plusieurs témoins ont rapporté à l'AFP avoir vu une femme touchée par une balle dans la tête.

Jeudi, des affrontements entre forces de l'ordre et partisans de M. Ravalomanana avait fait 41 blessés, dont plusieurs par balle, selon un bilan fourni vendredi par le HJRA.

Vendredi, les forces de l'ordre ont pour la deuxième journée consécutive empêché la tenue d'un rassemblement des pro-Ravalomanana, conformément à un arrêté pris mardi par le gouvernement de la Haute Autorité de Transition (HAT) dirigée par l'ex-opposant Andry Rajoelina.

Quelques barrages ont été brièvement installés en ville par les manifestants.

Lâché par l'armée et confronté à la pire crise qu'il ait connue depuis son arrivée à la tête du pays en 2002, Marc Ravalomanana avait remis ses pouvoirs le 17 mars à un directoire militaire, qui les avait immédiatement transférés à Andry Rajoelina.

Depuis un mois, ses partisans se réunissent quasi-quotidiennement et sans être inquiétés sur la «place de la démocratie», située dans un parc du centre-ville d'Antananarivo pour réclamer le retour du président «légal».

Le climat s'est toutefois tendu depuis le début de la semaine avec coup sur coup la saisie de matériels de transmission de trois médias audiovisuels réputés proches de M. Ravalomanana et l'arrêté d'interdiction des manifestations publiques.

Des incidents, parfois violents, ont opposé chaque jour depuis lundi les forces de l'ordre à des groupes mobiles favorables à l'ancien chef de l'Etat.

M. Rajoelina, ex-maire d'Antananarivo âgé de 34 ans, s'est progressivement imposé courant 2008 comme le principal opposant au régime de M. Ravalomanana, décrit par ses détracteurs comme affairiste et coupé de la population.

Surnommé «TGV» par ses partisans pour son caractère fonceur, il s'est notamment fait le porte-voix du ressentiment d'une partie de la population touchée par des difficultés économiques et attachée au respect des libertés publiques.

M. Ravalomanana, actuellement réfugié en Afrique australe, tente de s'appuyer sur la non-reconnaissance par la communauté internationale de la HAT et sa difficile mise en place, pour organiser un éventuel retour.

L'Union africaine, la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) et l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ont suspendu Madagascar. Les Occidentaux ont quant à eux condamné ce qu'ils considèrent comme un «coup d'Etat».

La crise politique dans la Grande Ile a entraîné la mort de plus d'une centaine de personnes depuis fin janvier et paralyse l'économie.

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