L'armée régulière quadrillait mardi après-midi les rues de Kayna, petite localité de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), théâtre dans la matinée de combats entre soldats congolais et miliciens pro-gouvernementaux Maï-Maï, a constaté l'AFP.

Aucun coup de feu n'était audible dans la localité, où le calme semblait revenu.

Des dizaines de soldats étaient présents et vaquaient normalement à leurs activités dans la rue principale de Kayna, à environ 120 km au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.

Certains étaient postés aux carrefours, d'autres étaient en train de faire leur paquetage dans le calme et rangeaient des affaires dans des camions garés au bord de la route, a constaté une journaliste de l'AFP.

Kayna est située à un vingtaine de km au nord de la ville stratégique de Kanyabayonga, verrou qui contrôle l'accès à toute la partie nord de la province.

Des combats ont opposé mardi matin à Kayna et dans la localité voisine de Kirumba des soldats de l'armée régulière à des miliciens Maï-Maï du groupe Patriotes résistants congolais (Pareco).

Les miliciens Maï-Maï n'étaient plus visibles à Kayna mardi après-midi.

Les affrontements avaient également cessé à Kirumba, selon une source administrative locale. Le porte-parole militaire de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich, a confirmé le retour au calme dans tout le secteur.

«La situation est calme, les Maï-Maï ont été dispersés, ça s'est calmé depuis le début d'après-midi», a déclaré à Kayna un officier des Forces armées de RDC (FARDC, armée régulière), sous couvert d'anonymat.

Quelques soldats paradaient sur des véhicules circulant sur l'avenue principale, célébrant leur victoire contre les miliciens.

D'autres militaires improvisaient une partie de football, toujours sur l'avenue centrale de la ville, alors que les quartiers périphériques semblaient vidés de leur population.

Selon des habitants interrogés par l'AFP, des militaires des FARDC se sont livrés à de nouveaux pillages mardi matin à Kayna et Kirumba. Des Maï-Maï ont tenté de s'y opposer, et se sont affrontés avec les militaires gouvernementaux.

Plus tôt dans la matinée, le chef des Pareco, le général Lafontaine, avait affirmé que des soldats des FARDC étaient tombés par erreur dans une embuscade tendue par les Maï-Maï, provoquant la fureur des militaires.

«La tension était forte ces derniers jours entre les soldats et les Maï-Maï après les actes de pillage des militaires», a expliqué Jean-Pierre Kavamu, employé local d'une ONG internationale: «quand les FARDC pillent, les Maï-Maï ne sont pas d'accord».

Toute cette région de Kanyabayonga-Kayna-Kirumba avait été la semaine dernière le théâtre de pillages et d'exactions à grande échelle perpétrés par des éléments des FARDC, mécontents et paniqués d'un redéploiement opérationnel plus au sud sur la ligne de front.

«Ce matin à l'aube, j'ai entendu une forte détonation près de l'hôpital», les combats ont alors commencé, a raconté M. Kavamu, sandales de plastique au pied et transistor à l'oreille.

Comme la plupart des habitants de Kayna, il s'est caché toute la journée dans la brousse environnante, où sont réfugiées de nombreuses familles. Sa maison ayant été pillée la semaine dernière, il passera la nuit à l'hôpital «pour plus de sécurité».

Dans la ville désertée par sa population, de nombreuses habitations aux portes ou aux fenêtres éventrées ont été visitées, et des habits et quelques objets sans valeur ont été jetés à même le sol devant les maisons.