C'est la question que soulève la journaliste Andie Coller dans cet article à propos d'un discours prononcé par Jimmy Carter il y a 30 ans, jour pour jour, à une époque où les États-Unis étaient frappés de plein fouet par des taux de chômage et d'inflation record, ainsi que par une crise énergétique sans précédent.

L'allocution télévisée reste connue sous le nom de «discours du malaise», bien que le 39e président n'ait jamais utilisé le mot «malaise» dans son texte. Tout en critiquant la surconsommation, il appelait les Américains à un engagement historique en faveur du développement des énergies alternatives afin de mettre un terme à leur dépendance à l'égard du pétrole étranger. Il évoquait également la «crise de confiance» dont auraient souffert les Américains. Je cite des extraits de son discours dont on trouve ici une transcription et ci-dessus un clip :

«Je souhaite maintenant vous parler d'une menace fondamentale qui pèse sur la démocratie de notre pays... Je ne fais pas référence à l'influence exercée par l'Amérique, une nation actuellement en paix avec le reste du monde, et dont la puissance économique et militaire est inégalée...

«Cette menace est à peine perceptible par des moyens ordinaires. Il s'agit d'une crise de confiance. Il s'agit d'une crise qui frappe la volonté de notre nation en son sein même, en son âme et en son esprit. Nous percevons cette crise à cause du doute croissant que l'on porte sur la signification de nos propres vies et de la perte d'un objectif unique pour notre nation.»

Comme le rappelle dans ce texte Gordon Stewart, un des anciens rédacteurs de Carter, le discours du président avait été très bien reçu par les Américains. Or Carter devait nuire à sa propre cause en réclamant, quelques jours plus tard, la démission de 34 membres de son administration, un geste qui semblait illustrer le malaise dans lequel étaient plongés les États-Unis. L'expression «discours du malaise» devait apparaître plus tard dans les journaux et Ronald Reagan allait en faire ses choux gras pendant la campagne présidentielle de 1980.

Mais le discours de Carter n'est-il pas prophétique à plusieurs égards?