Paul Krugman a choisi une journée intéressante pour publier dans le New York Times cette chronique dans laquelle il exhorte Barack Obama à ne pas faire de la réduction du déficit son prochain cheval de bataille. Selon le prix Nobel d'économie 2008, le président devrait plutôt mettre l'accent sur la création d'emplois et défendre l'idée d'un second plan de relance économique, le premier ayant été beaucoup trop modeste selon lui pour mettre un frein à la hausse du chômage. Le chef de la Maison-Blanche ne devrait surtout pas avoir peur d'emprunter de l'argent, car la menace d'une hausse des taux d'intérêt tient de la chimère de l'avis de Krugman.

Le New York Times prend pourtant cette menace très au sérieux dans cet article publié aujourd'hui à la une, donnant à entendre que la dette constitue en fait une «bombe». Cette année, le gouvernement américain consacrera 202 milliards de dollars au service d'une dette nationale de 12 000 milliards de dollars. En 2019, selon les projections citées par le Times, le service de la dette dépassera 700 milliards de dollars, soit plus d'argent que le gouvernement n'en dépensera cette année pour l'éducation, l'énergie, la sécurité intérieure et les guerres en Irak et en Afghanistan.

Krugman exprime ainsi son scepticisme face aux prévisions d'une hausse des taux d'intérêt qui fera exploser le service de la dette :

As far as I can tell, the analysts now warning about soaring interest rates tend to be the same people who insisted, months after the Great Recession began, that the biggest threat facing the economy was inflation. And let's not forget that Wall Street - which somehow failed to recognize the biggest housing bubble in history - has a less than stellar record at predicting market behavior.

Still, let's grant that there is some risk that doing more about double-digit unemployment would undermine confidence in the bond markets. This risk must be set against the certainty of mass suffering if we don't do more - and the possibility, as I said, of a collapse of confidence among ordinary workers and businesses.

And Mr. Summers was right the first time: in the face of the greatest economic catastrophe since the Great Depression, it's much riskier to do too little than it is to do too much. It's sad, and unfortunate, that the administration appears to have lost sight of that truth.

(Photo Reuters)