«Israël sans clichés» : c'est le titre d'un article publié aujourd'hui dans le New York Times sous la signature de l'historien Tony Judt, dont l'ardeur sioniste s'est passablement refroidi depuis ses années de jeunesse dans un kibboutz israélien. Le texte de Judt n'est que le plus récent exemple d'un réexamen aux États-Unis de la relation américano-israélienne.

Dans son édition dominicale, le Times, ce pilier de l'establishment américain, donnait une autre illustration de ce débat en évoquant dans une analyse l'opinion de moins en moins marginale à Washington selon laquelle les actions du gouvernement israélien font de l'État hébreu un handicap plutôt qu'un atout stratégique. Une opinion à laquelle le président Barack Obama et le général David Petraeus ont semblé souscrire en laissant entendre que le conflit israélo-palestinien nuisait aux intérêts des États-Unis en matière de sécurité.

Dans la conclusion de son article, Tony Judt définit ainsi la problématique :

Avec les monarchies pétrolières, Israël est désormais le plus grand handicap stratégique de l'Amérique au Moyen-Orient et en Asie centrale. À cause d'Israël, nous sommes dangereusement près de «perdre» la Turquie : une démocratie musulmane (...), qui est une actrice cruciale dans les affaires du Proche-Orient et de l'Asie centrale. Sans la Turquie, les États-Unis réaliseront peu de leurs objectifs régionaux, que ce soit vis-à-vis de l'Iran, de l'Afghanistan ou du monde arabe. Le temps est venu de tourner le dos aux clichés, de traiter Israël comme un État «normal» et de couper le cordon ombilical.

(Photo AP)