«Nous ne voyons tout simplement pas encore de signes troublants de dommages collatéraux, et nous n'en anticipons pas beaucoup.» Ainsi parlait Tim Geithner à ses collègues de la FED, en septembre 2006, alors qu'il était président de la Réserve fédérale de New York.

Selon des procès-verbaux de réunions de la FED rendus publics hier, cette déclaration de Geithner, aujourd'hui secrétaire au Trésor, reflétait le consensus des dirigeants de la banque centrale américaine durant les dernières heures de la bulle immobilière. Certains d'entre eux se bidonnaient même en parlant des efforts frénétiques de constructeurs immobiliers pour vendre leurs maisons, incluant l'offre de Mini Cooper gratuites pour attirer les acheteurs. Mais ils ne croyaient pas que l'éclatement de la bulle immobilière puisse contaminer le système financier.

Comme l'explique le New York Times dans cet article, les procès-verbaux des réunions de la FED doivent être rendus publics cinq ans plus tard. Le Times note que Ben Bernanke, l'actuel président de la FED, était en 2006 l'un des rares dirigeants de la banque centrale à noter que les problèmes du marché immobilier pourraient avoir des retombées sur d'autres secteurs de l'économie.

Les procès-verbaux laissent non seulement entendre que Geithner ne partageait pas cette inquiétude mais qu'il avait pour Alan Greenspan une admiration sans borne, comme l'illustre cette déclaration au moment où l'ancien président de la FED a tiré sa révérence :

«Je veux qu'on note que je pense que vous êtes pas mal extraordinaire, aussi. Et si l'on parle de probabilités, le risque que nous décidions dans le futur que vous êtes encore meilleur que nous le pensons est plus grand que le contraire.»