J'espère que les Marco Rubio, Chris Christie et Rand Paul, dont les ambitions présidentielles ne font guère de doute, ont pris ou prendront le temps de lire cet article passionnant de l'auteur et journaliste Robert Draper paru dans le plus récent numéro du New York Times Magazine et qui soulève la question suivante : les républicains peuvent-ils être sauvés de l'obsolescence?

La page couverture du magazine illustre le retard du Parti républicain de Mitt Romney et Karl Rove sur le Parti démocrate de Barack Obama et David Plouffe au chapitre de la technologie. Ce n'est pas que les républicains ne comptent aucun technophile dans leurs rangs. Mais ceux-ci sont jeunes et largement ignorés par les dirigeants du GOP, dont l'enthousiasme pour la libre-entreprise ne semble pas s'étendre au fonctionnement de leur parti.

Mais les problèmes des républicains ne se limitent pas à la technologie. Leur message semble être destiné à un électorat qui est en voie de disparition ou qui n'existe plus. Draper illustre ce point en rapportant les réponses aux questions formulées par une jeune stratège républicaine aux membres de deux groupes témoins d'Ohio qui ont tous voté sans enthousiasme pour Barack Obama en novembre dernier. Selon la stratège, les républicains ne peuvent espérer reconquérir la Maison-Blanche sans le vote de ces électeurs indépendants ou démocrates mous.

Je cite des extraits dans le texte de l'article de Draper sur les réponses d'un premier groupe témoin composé de jeunes femmes dans la vingtaine et issues de la classe moyenne :

About an hour into the session, Anderson walked up to a whiteboard and took out a magic marker. "I'm going to write down a word, and you guys free-associate with whatever comes to mind," she said. The first word she wrote was "Democrat."

"Young people," one woman called out.

"Liberal," another said. Followed by: "Diverse." "Bill Clinton.""Change." "Open-minded." "Spending." "Handouts." "Green." "More science-based."

When Anderson then wrote "Republican," the outburst was immediate and vehement: "Corporate greed.""Old.""Middle-aged white men." "Rich." "Religious." "Conservative." "Hypocritical." "Military retirees." "Narrow-minded." "Rigid." "Not progressive." "Polarizing." "Stuck in their ways." "Farmers."

La stratège républicaine a répété le même exercice avec un groupe de jeunes hommes dans la vingtaine ou la trentaine :

None of them expressed great enthusiasm for Obama. But their depiction of Republicans was even more lacerating than the women's had been. "Racist," "out of touch" and "hateful" made the list - "and put '1950s' on there too!" one called out.

Showing a reverence for understatement, Anderson said: "A lot of those words you used to describe Republicans are negative. What could they say or do to make you feel more positive about the Republican Party?"

"Be more pro-science," said a 22-year-old moderate named Jack. "Embrace technology and change."

"Stick to your strong suit," advised Nick, a 23-year-old African-American. "Clearly social issues aren't your strong suit. Stop trying to fight the battle that's already been fought and trying to bring back a movement. Get over it - you lost."

Marco Rubio, pour ne citer que lui, ne semble pas avoir accepté ce message. Il n'est pas seulement opposé au mariage homosexuel et au droit des femmes à l'avortement, mais il met également en doute le large consensus scientifique sur les changements climatiques.

Et le fait d'être d'origine cubaine ne l'aidera guère auprès des électeurs hispanophones, s'il faut en croire David Plouffe, l'ex-stratège de Barack Obama, qui fournit à Draper une des citations les plus importantes de son article. Je vous laisse le plaisir (ou le déplaisir) de la découvrir.