Bob Woodward a longtemps été l'une des bêtes noires médiatiques de la droite américaine, ayant contribué avec son ancien collègue du Washington Post Carl Bernstein à la démission d'un président républicain, en l'occurrence Richard Nixon.

Mais le célèbre journaliste est aujourd'hui le nouveau héros de cette même droite, qui cite abondamment un de ses articles, paru vendredi dernier dans le Washington Post. Woodward y accuse Barack Obama d'avoir menti sur la paternité du sequester - les coupes budgétaires automatiques censées entrer en vigueur le 1er mars - et d'avoir changé les règles du débat sur cette question.

L'analyse de Woodward est loin de faire l'unanimité, comme on peut le constater ici, ici, et ici. Mais le journaliste n'en démord pas. Et il a renouvelé ses critiques à l'égard du président ce matin sur MSNBC en qualifiant de «sorte de folie» sa décision de ne pas déployer un second porte-avions dans le Golfe en raison des coupes budgétaires automatiques, dont la moitié - 42,5 milliards de dollars entre le 1er mars et le 30 septembre - seront appliquées aux dépenses du Pentagone.

Je cite la sortie de Woodward sur MSNBC (voir le clip qui coiffe ce billet) :

«Pouvez-vous imaginer Ronald Reagan disant : ''Oh, en passant, je ne peux pas faire ça à cause d'un document budgétaire?'' Ou George W. Bush disant: ''Vous savez, je n'envahirai pas l'Irak parce je ne peux pas avoir les portes-avions dont j'ai besoin?'' Ou même Clinton disant: ''Vous savez, je n'attaquerai pas le siège du renseignement de Saddam Hussein'' - ce qu'il a fait quand il était président - à cause d'un document budgétaire? Selon la Constitution, le président est le commandant en chef et emploie la force. Et nous avons donc aujourd'hui un président qui dit ne pas pouvoir faire ce qu'il doit faire pour protéger le pays à cause d'un bout de papier. C'est une sorte de folie qu'on n'a pas vue depuis longtemps.»

Il faut préciser que le bout de papier auquel Woodward fait allusion est une loi dûment approuvée par le Congrès.