Il fait un froid automnal ce matin à Washington, où je me trouve au lendemain du septième match entre les Rangers et les Capitals. Et il pleut des scandales. Après l'admission des services fiscaux américains concernant le ciblage de groupes conservateurs, voilà qu'on apprend que le ministère de la Justice s'est saisi secrètement de deux mois de relevés téléphoniques de l'Associated Press et de certains de ses journalistes.

«Intrusion massive et sans précédent» du gouvernement «dans les activités de collecte d'informations», a dénoncé le patron de l'agence de presse. En temps normal, les autorités gouvernementales ou policières doivent déposer une requête pour obtenir ce genre de relevés et permettre aux personnes ou organisations ciblées de la contester devant les tribunaux.

«Nous devons prévenir l'organisation à l'avance sauf si cela pose une menace importante à l'intégrité de l'enquête», a indiqué hier soir le ministère de la Justice par le biais d'un communiqué.

Le ministère n'a donné aucune information sur l'objet de son enquête. Mais le New York Times publie aujourd'hui un article indiquant que celle-ci concerne probablement un reportage publié le 7 mai 2012 par l'AP sur une opération de la CIA au Yémen qui a déjoué au printemps de la même année un complot d'Al-Qaïda visant à faire exploser une bombe dans un avion pour les États-Unis.

À l'époque, plusieurs républicains du Congrès avaient accusé l'administration Obama de mettre en danger la sécurité nationale des États-Unis en orchestrant des fuites pour en tirer des dividendes politiques à l'approche de l'élection présidentielle. Ils s'indignaient non seulement de l'article de l'AP, mais également de reportages du New York Times sur l'augmentation des cyberattaques contre le programme nucléaire iranien, l'opération ayant mené à la mort d'Oussama ben Laden et l'autorisation donnée par la Maison-Blanche de tuer des terroristes présumés lors d'opérations clandestines.

Certains démocrates du Congrès étaient également d'avis qu'il fallait mettre fin à ces fuites.

La Maison-Blanche avait démenti être à l'origine des fuites et Eric Holder, ministre de la Justice, avait déclenché deux enquêtes en juin 2012 pour trouver les responsables. Les républicains estimaient à l'époque que le ministre n'allait pas assez loin. L'ironie veut qu'ils dénoncent aujourd'hui les méthodes d'enquête du ministère, se transformant soudainement en défenseurs du Premier amendement de la Constitution.

La Maison-Blanche a nié hier tout rôle dans la saisie des relevés de l'AP. Mais il ne fait pas de toute que cette histoire, ajoutée à celle de l'IRS, représente un problème pour le président Obama et son ministre de la Justice.