«Pourquoi sommes-nous venus ici, à Hiroshima? Nous sommes venus réfléchir à cette force terrible libérée dans un passé pas si lointain. Nous sommes venus pour rendre hommage aux morts. Leurs âmes nous parlent, elles nous demandent de regarder au fond de nous-mêmes. Les progrès technologiques sans progrès équivalent des institutions humaines peuvent nous être fatals. La révolution scientifique qui nous a conduits à la fission de l'atome appelle également une révolution morale.»

Ainsi s'est exprimé aujourd'hui Barack Obama lors de sa visite historique à Hiroshima. Au cours des sept décennies précédentes, tous ses prédécesseurs avaient évité de se rendre dans la ville anéantie par une bombe atomique américaine pour mille et une raisons défendues par les gardiens de l'orthodoxie en matière de politique étrangère à Washington. Ceux-ci craignaient notamment qu'une telle visite soit perçue par les Américains comme une façon de présenter des excuses pour une décision qui, selon plusieurs historiens, a sauvé des vies au bout du compte.

Mais, comme le soulignait hier le New York Times dans cet article, la visite d'Obama à Hiroshima met en lumière une partie important de son héritage en matière de politique étrangère. À de nombreuses reprises, il est allé à contre-courant de l'orthodoxie américaine pour forger sa propre voie :

«Aucun président n'avait visité Cuba en près de 90 ans. M. Obama l'a fait. Aucun n'avait visité Myanmar. Il y est allé deux fois. Peu d'entre eux voyaient le mérite de négocier avec les mollah autocratiques d'Iran. M. Obama a conclu une entente nucléaire avec les Iraniens qu'il range parmi ses plus grandes réalisations. Et au Vietnam cette semaine, il a levé l'embargo sur les ventes d'armes militaires qui tenaient depuis des décennies.»

Les historiens passeront leur jugement sur ce bilan dont fait désormais partie cette visite à Hiroshima.