Barack Obama n'a pas seulement passé le flambeau à Hillary Clinton hier soir à Philadelphie. Il a aussi tenté de démonter le «trumpisme», cette idée anti-américaine selon laquelle le salut des États-Unis dépend d'un seul homme - un autocrate - qui décrit son pays comme une «scène de crime divisée» plutôt qu'une «ville lumineuse sur une colline», selon les mots du président américain.

L'allusion à la formule de Ronald Reagan n'était pas gratuite. En rappelant la description optimiste d'un président républicain, Obama renforçait l'idée maîtresse de son discours, à savoir que l'enjeu de l'élection présidentielle de 2016 dépasse les différends habituels entre les deux grands partis américains. C'est la démocratie américaine elle-même qui est en jeu, comme il l'a expliqué dans ces extraits de son discours :

«L'Amérique est déjà grande. L'Amérique est déjà forte. Et je vous le garantis, notre force, notre grandeur, ne dépend pas de Donald Trump. En fait, elle ne dépend pas d'une quelconque personne. Et cela, à la fin, est peut-être la plus grande différence dans cette élection - la signification de notre démocratie.»

(...)

«Nous ne sommes pas un peuple fragile ou effrayé. Notre pouvoir ne vient pas d'un quelconque sauveur autoproclamé qui promet de rétablir à lui seul l'ordre. Nous ne cherchons pas à être dominés. Notre pouvoir vient de ces déclarations immortelles qui ont été couchées sur le papier ici à Philadelphie il y a tant d'années: Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes; que tous les hommes sont créés égaux; que nous, le Peuple, pouvons former une nation plus parfaite. C'est ce que nous sommes. C'est notre droit acquis à la naissance - la capacité de façonner notre propre destinée.»

Dans un des passages les plus mémorables de son discours, Obama a associé Trump aux ennemis des valeurs démocratiques et aux «démagogues intérieurs» qui ont tenté d'exploiter les peurs et les rancoeurs des Américains par le passé. Je le cite :

«Toute personne qui menace nos valeurs, qu'il s'agisse de fascistes, communistes, djihadistes ou démagogues intérieurs, échouera toujours à la fin.»

Le discours d'Obama a mis fin de façon magistrale à une soirée au cours de laquelle deux autres orateurs se sont également attaqués au «trumpisme», Joe Biden et Michael Bloomberg. Le vice-président s'est moqué de la prétention du promoteur immobilier de parler au nom de la classe moyenne, tout en exprimant avec passion un patriotisme qui a incité les délégués démocrates à scander «USA! USA! USA!». Je cite quelques extraits de son allocution :

«Peu importe où vous avez été élevé, comment pouvez-vous prendre du plaisir à dire ''Vous êtes congédié''?»

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«Il dit qu'il se soucie de la classe moyenne. Mon oeil! C'est un tas de sornettes! Ce gars-là ne connaît rien à la classe moyenne - il n'y connaît rien. Il ne sait rien de ce qui fait la grandeur de l'Amérique. En fait, il n'y connaît rien. Point final.»

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«Nous avons les meilleures forces armées au monde. Non seulement avons-nous la plus grande économie du monde, nous avons aussi la plus forte économie du monde. Nous avons les travailleurs les plus productifs au monde. Les Américains n'ont jamais, jamais, jamais, jamais, abandonné leur pays. Jamais!»

Prenant la parole à titre d'indépendant, l'ancien maire de New York et fondateur de Bloomberg LP a pour sa part tourné en dérision la feuille de route de Trump en tant qu'homme d'affaires, rappelant les faillites, les poursuites et les investisseurs ou partenaires floués qui ont jalonné sa carrière. Sa déclaration clé :

«Trump dit qu'il veut gérer la nation comme il a géré son entreprise. Que Dieu nous aide. Je suis New-Yorkais, et je sais reconnaître une arnaque quand j'en vois une.»

La troisième soirée de la convention démocrate de Philadelphie aura donné lieu à un moment d'opposition au sein même du Wells Fargo Center. Lorsque Leon Panetta, ancien secrétaire à la Défense et directeur de la CIA, a dénoncé l'appel de Donald Trump à la Russie de pirater les courriels d'Hillary Clinton, des partisans ont choisi ce moment pour scander «Plus de guerre!» et «Mensonges!». Un rappel de la déclaration de Panetta :

«Donald Trump, une fois de plus, a pris parti pour la Russie. Il a demandé aux Russes d'intervenir dans la politique américaine. Pensez à ça. Pensez à ça. Donald Trump, qui veut être président des États-Unis, demande à l'un de nos adversaires de commettre du cyber-piratage ou de participer à un effort d'espionnage contre les États-Unis d'Amérique afin d'influencer une élection... Donald Trump ne doit pas être commandant en chef.»