La réponse d'une personne normale, équilibrée et saine d'esprit aurait été de remercier Khizr Khan pour le sacrifice de son fils Humayun, soldat musulman tombé au champ d'honneur en Irak, et de reconnaître son droit de le critiquer, ce qu'il a fait jeudi soir lors d'une intervention remarquée à la convention démocrate de Philadelphie. Après tout, quel candidat présidentiel voudrait s'en perdre à un père dont le fils a perdu sa vie au service de sa patrie?

Mais Donald Trump n'est peut-être pas une personne normale, équilibrée et saine d'esprit. Lors d'une entrevue accordée aujourd'hui à George Stephanopoulos d'ABC, il a opposé le sacrifice de Khan aux sacrifices qu'il estime avoir faits en bâtissant son entreprise.

«Je pense avoir fait beaucoup de sacrifices. J'ai travaillé très, très fort», a-t-il dit, tout en insinuant que les rédacteurs de discours démocrates avaient mis des mots dans la bouche de Khan, qui a reproché à Trump de n'avoir «sacrifié rien ni personne» dans sa vie. On peut voir ici l'intervention de Khan.

Dans une entrevue accordée à Maureen Dowd du New York Times, Trump a par ailleurs tenté d'esquiver les questions sur la déclaration de Khan en s'attardant au fait que la femme de ce dernier, Ghazala, soit restée silencieuse pendant son intervention percutante.

«J'aimerais entendre sa femme dire quelque chose», a-t-il dit à Dowd. «Peut-être qu'elle n'a pas eu la permission de dire quelque chose», a ajouté Trump sur ABC en insinuant que son mari ne la laissait pas s'exprimer.

Ghazala Khan est restée silencieuse parce qu'elle craignait de fondre en larmes en parlant de son fils devant un vaste auditoire. Elle a cependant pris la parole hier soir lors d' une interview diffusée sur MSNBC (notamment à partir de 4:00).

Mais la peine d'une mère qui a perdu son fils à la guerre ne semble pas compter pour un homme comme Trump, qui démontre zéro empathie.