«La loi est complètement de mon côté. Le président ne peut pas avoir un conflit d'intérêt. En théorie, je pourrais diriger mes affaires parfaitement et puis diriger le pays parfaitement.»

Donald Trump a fait cette affirmation aujourd'hui lors de sa rencontre avec des représentants du New York Times. Plusieurs amateurs d'histoire américaine ont tout de suite comparé son assertion à la célèbre déclaration de Richard Nixon au journaliste David Frost sur les entorses à la loi que peut se permettre un président : «Quand le président le fait, ce n'est pas illégal.»

Dans un certain sens, le président désigné n'a pas tort. L'occupant de la Maison-Blanche est exempt des lois fédérales sur les conflits d'intérêts qui s'appliquent à tous les autres élus. Cela ne signifie cependant pas que les présidents ne peuvent avoir des conflits d'intérêts. La plupart d'entre eux prennent d'ailleurs les mesures nécessaires pour éviter de se retrouver en pareille situation.

Ainsi, les électeurs honnêtes de Trump qui ont décrié la supposée corruption d'Hillary Clinton ne voudraient sans doute pas que leur président se serve de sa fonction publique pour s'enrichir personnellement. Ils seraient donc en droit de s'attendre à ce que Trump liquide ses intérêts dans son organisation ou qu'il les place dans une fiducie sans droit de regard.

Trump doit en outre tenir compte d'une certaine clause de la constitution américaine qui lui interdirait en tant que président d'«accepter des présents (ou) émoluments (...) d'un roi, d'un prince, ou d'un État souverain». Or, il s'est allié à des sociétés appartenant à des gouvernements étrangers dans divers projets qui pourraient le mener à violer cette clause constitutionnelle.

Selon les experts consultés par le New York Times, le Congrès pourrait intervenir contre Trump en le mettant en accusation (impeachment) ou en agissant de façon préventive par le biais d'une résolution l'encourageant à céder ses actifs.

En attendant, Trump a admis devant les représentants du Times avoir demandé cette semaine au politicien britannique Nigel Farage et à son entourage de faire pression pour faire avorter le projet d'un champ d'éoliennes marines qui défigurerait le paysage au large d'un club de golf appartenant au président désigné dans la région écossaise d'Aberdeen. On appelle ça mêler politique et affaires.

Notons que Trump a semblé reculer sur certaines de ses positions les plus extrêmes lors de sa rencontre avec le Times, abandonnant sa promesse d'emprisonner Clinton, se disant «ouvert» concernant l'accord climatique de Paris et exprimant des réserves sur l'efficacité de la torture.

Trump a même déclaré que la Fondation Clinton avait fait du «bon travail». Faut croire qu'il n'a pas de convictions trop profondes et qu'il dit peut-être aux gens ce que ceux-ci veulent entendre.