Qu'ont en commun les anciens secrétaires d'État James Baker et Condoleezza Rice, l'ancien secrétaire à la Défense Robert Gates et l'ancien vice-président Dick Cheney, à part de faire partie de l'establishment républicain? Selon cet article du Washington Post, ils viendront tous en aide à un contempteur de ce même establishment, Donald Trump, pour défendre le choix du pdg d'ExxonMobil Rex Tillerson au poste de secrétaire d'État.

L'appui de ces membres de l'élite du GOP sera nécessaire pour assurer la confirmation de Tillerson par le Sénat, où la défection de seulement trois républicains pourrait suffire à couler les chances du Texan de 64 ans de diriger la diplomatie américaine après avoir passé toute sa carrière au sein du géant pétrolier.

Déjà trois sénateurs républicains ont accueilli froidement la candidature de Tillerson. Les John McCain, Lindsey Graham et Marco Rubio s'inquiètent des liens noués par Tillerson avec le président de la Russie Vladimir Poutine, qui lui a décerné l'ordre de l'Amitié en 2012 après la conclusion d'une énième entente entre Exxon et une des sociétés pétrolières de son pays.

«Vladimir Poutine est un voyou, une brute et un meurtrier, et quiconque le décrit autrement ment», a déclaré le sénateur McCain dimanche sur Fox News.

Selon le Post, Gates est le premier à avoir suggéré à Trump le choix de Tillerson comme secrétaire d'État lors d'une rencontre à la Tour Trump. Rice a par la suite contribué à convaincre le président désigné que ce choix était le meilleur. L'ironie veut que Trump ait déjà remis en question le jugement de tous ceux qui ont planifié, défendu ou voté en faveur de la guerre en Irak.

La nomination de Tillerson soulève au moins un conflit d'intérêts de taille. Comme l'explique le New York Times dans cet article, Exxon a conclu des ententes évaluées à plusieurs centaines de milliards de dollars avec la Russie qui ne pourront voir le jour que si les sanctions contre ce pays sont levées. À titre de pdg de la multinationale américaine, Tillerson s'est opposé à ces sanctions. Comme secrétaire d'État, il aurait la chance d'enrichir la société qui l'a employé pendant plus de 40 ans en les éliminant.

Tillerson possède des titres d'Exxon valant 218 millions de dollars et un plan de pension évalué à près de 70 millions de dollars. L'homme ne fait pas pitié, et il a désormais des alliés de poids au sein de l'establishment républicain.

Tillerson a coiffé au fil plusieurs autres candidats au poste de secrétaire d'État, dont l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, le sénateur du Tennessee Bob Corker, l'ancien gouverneur de l'Utah Jon Huntsman et l'ancien maire de New York Rudy Giuliani.

P.S. : Le système est truqué, comme dirait Trump. Rice et Gates ont fondé avec Stephen Hadley, un autre ex-membre de l'administration Bush II, une boîte de conseil qui a pour client ExxonMobil. De l'argent bien dépensé de la part d'Exxon...