Avant qu'il ne soit trop tard, permettez-moi de sortir complètement de l'actualité américaine et d'aller faire un tour du côté de l'Hexagone, où a eu lieu avant-hier un grand débat mettant aux prises 11 prétendants à la présidence française, dont Philippe Poutou, qui a cassé la baraque. «[L]oin des codes vestimentaires et d'éloquence habituels de ce type de rendez-vous», le candidat du Nouveau parti anticapitaliste a fustigé les politiciens «corrompus», s'attaquant notamment à François Fillon et Marine Le Pen, comme on peut le constater dans la vidéo qui coiffe ce billet.

La performance de Poutou a suscité la controverse, certains commentateurs lui reprochant un manque de respect illustré par sa décision de se présenter au débat habillé de «guenilles», pour reprendre le mot d'une commentatrice bcbg. Poutou a cependant trouvé un admirateur dans les pages de Libération, qui a défendu son droit à l'irrespect, comme on peut le lire dans ce passage :

L'irrespect est un droit et un devoir quand il s'agit de défendre ses idées ou de dénoncer une injustice flagrante. Il faudrait plutôt remercier Philippe Poutou d'avoir fait le job à la place des autres politiques et même des journalistes à ce moment du débat qui abordait la morale en politique : arrêter de tourner autour du pot et balancer les questions qui s'imposent.

Alors même que l'on fustige l'hypocrisie de la comédie humaine que représente une élection présidentielle, on ne peut pas reprocher à un candidat d'être lui-même. On ne peut pas le critiquer pour être venu dans cette arène télé avec pour seule arme, son authenticité.

Malgré le succès d'estime qu'il a obtenu sur les réseaux sociaux, Poutou est à la traîne dans les sondages. En fait, il récolte 1% des intentions de vote dans un sondage récent qui crédite Le Pen de 26% des intentions de vote au premier tour contre et 24% pour le centriste Emanuel Macron, qui l'emporterait au deuxième tour avec 61% des voix contre 39% pour la candidate du Front national.