Au moins trois quotidiens du Montana, le Billings Gazette, l'Indépendant Record et le Missoulian, ont retiré leur appui à Greg Gianforte, candidat républicain pour un siège à la Chambre des représentants, à la suite de son agression contre Ben Jacobs, reporter du Guardian hier soir. L'élection spéciale a lieu aujourd'hui.

Jacobs se trouvait dans le quartier général de Gianforte lorsqu'il lui a demandé de commenter le verdict du Bureau du Budget du Congrès sur le projet de loi républicain pour remplacer l'Obamacare dont il est question dans le billet précédent. Gianforte a dit au reporter de s'adresser à son porte-parole. Quand Jacobs a répété sa question d'une voix calme, le candidat républicain a pété les plombs.

«J'en ai assez de vous!» a-t-il hurlé, comme on peut l'entendre dans l'enregistrement qui coiffe ce billet (il n'y a pas de vidéo). «La dernière fois, vous avez fait la même chose. Foutez-moi le camp d'ici!»

L'enregistrement permet d'entendre le moment où le candidat agresse le reporter. «Vous venez de me plaquer et de briser mes lunettes», a dit celui-ci.

Une équipe de Fox News était sur les lieux pour réaliser une entrevue avec Gianforte. Elle n'a pas filmé la scène mais une de ses membres l'a décrite dans ce texte. Selon Alicia Acuna, Gianforte a mis les mains autour du cou de Jacobs avant de le projeter sur le sol et de le frapper en criant : «J'en ai marre de tout ça!»

Cette version contredit la déclaration du porte-parole de Gianforte, qui a accusé Jacobs d'avoir agressé le candidat.

Jacobs a été conduit à l'hôpital où une radiographie d'un de ses coudes a été réalisée. Il a porté plainte à la police. Le shérif du comté de Gallatin, qui a donné 250$ à la campagne de Gianforte, a mené l'enquête. Quelques heures plus tard, il a inculpé le candidat d'un «délit d'agression» (misdemeanor assault) plutôt que d'une agression criminelle. Gianforte devra comparaître devant un tribunal le 7 juin. Il est passible de six mois de prison et d'une amende de 500$.

Né au New Jersey, Gianforte a déménagé au Montana dans les années 1990. Il a fait fortune en fondant une compagnie technologique qu'il a vendue à Oracle en 2012. Néophyte politique, il a mené une campagne à la Donald Trump, dénonçant les médias et promettant d'assécher le marais à Washington.

Il était le favori d'une élection où plus de 60% des électeurs ont déjà voté. Son adversaire, Rob Quist, est un musicien qui a soulevé l'enthousiasme des militants progressistes du Parti démocrate d'un bout à l'autre du pays. Ceux-ci ont contribué plus de 6 million de dollars à sa campagne. Les bonzes démocrates de Washington, qui n'ont jamais vraiment cru en ses chances, ont demandé hier à Gianforte de se retirer «immédiatement» de la course.

L'élection spéciale est tenue pour combler le siège laissé vacant par Ryan Zynke, nommé Secrétaire de l'Intérieur par le président Trump. Question : les républicains de la Chambre peuvent-ils accepter Gianforte dans leur groupe s'il est élu ce soir?