Deux petits extraits de la lettre que Jared Kushner a publiée avant ses rencontres à huis clos (aujourd'hui et demain) avec les commissions du Congrès sur le Renseignement qui enquêtent sur une éventuelle collusion entre la Russie et des membres de l'équipe de campagne Trump :

«Je suis arrivé à la rencontre un peu en retard. Quand je suis arrivé, la personne qui a depuis été identifiée comme une avocate russe parlait de la question d'une interdiction des adoptions d'enfants russes... Aucune partie de la rencontre à laquelle j'ai assisté ne traitait d'une quelconque façon de la campagne.»

Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump, n'est pas seulement blanc comme neige selon sa déclaration écrite, dans laquelle il nie notamment toute collusion visant à faire gagner son beau-père. Il est aussi chanceux, à en juger par son compte-rendu de la fameuse rencontre du 9 juin à la Trump Tower à laquelle ont participé huit personnes, dont l'avocate russe, un ancien militaire de l'ex-URSS spécialisé dans le contre-espionnage et un employé d'un oligarque russe soupçonné de blanchiment d'argent.

Si, comme Donald Trump fils l'a dit, il a été question de la campagne de Donald Trump pendant cette rencontre, Kushner ne peut pas en parler, car il n'était pas là quand c'est arrivé. Et c'est pareil lorsqu'a vraisemblablement été soulevée la question qui est à l'origine de l'interruption du fameux programme d'adoption d'enfants russes, à savoir les sanctions imposées par les États-Unis à des oligarques russes.

Kushner est chanceux car il n'aura pas à expliquer ce qu'il a entendu qui pourrait le compromettre et compromettre aussi le fils du président et l'autre membre du camp Trump présent, Paul Manafort. Évidemment, il aura à répondre à des questions qui pourraient le faire trébucher. Non seulement sur cette rencontre, mais également sur les autres contacts qu'il confirme aujourd'hui avoir eus avec des Russes, dont le patron d'une grande banque et l'ambassadeur à Washington.

Des rencontres qu'il qualifie aujourd'hui d'insignifiantes. Il dit notamment ne pas avoir parlé d'affaires ou de sanctions avec le banquier russe. Ce dernier lui aurait seulement remis un peu de terre et une oeuvre d'art venant du patelin biélorusse de ses grands-parents. Il dément par ailleurs avoir discuté avec l'ambassadeur de Russie de la possibilité d'établir une voie de communication secrète entre le camp Trump et le Kremlin.

Kushner devra enfin expliquer pourquoi il a omis de mentionner ces rencontres dans le formulaire SF-86 qu'il a dû remplir pour obtenir une attestation de sécurité. Dans sa lettre, il attribue cette omission à une erreur commise par un de ses subalternes.

Mais ne partons pas sans mentionner un autre exemple de la chance de Kushner : celui-ci n'a pas vu ou lu la chaîne de courriels que lui a envoyée son beau-frère où il était question de la rencontre à venir avec «l'avocate du gouvernement russe» qui possédait des «informations incriminantes» sur Hillary Clinton. Les courriels de cette chaîne avaient pour sujet «Clinton-Russie».

Si Kushner avait vu ou lu ces courriels, il ne pourrait évidemment pas se dire aujourd'hui blanc comme neige.