De Washington à la Floride, les élèves et les parents de l'école secondaire de Parkland ont clairement dit hier qu'ils ne se satisferont pas des mesures proposées par Donald Trump après la tuerie qui a fait 17 morts et 15 blessés la semaine dernière. À la Maison-Blanche, dans les corridors du Capitole de Tallahassee ou lors d'une rencontre publique diffusée par CNN, ils ont réclamé haut et fort l'interdiction des fusils d'assaut comme l'AR-15 utilisé par le tireur de Parkland, une mesure que le président n'a même pas évoquée.

«C'est une arme de guerre», a déclaré Fred Guttenberg, père d'une élève tuée à Parkland, en s'adressant au sénateur républicain de Floride Marco Rubio lors de la rencontre publique (à partir de 1:41 de la vidéo qui coiffe ce billet). «Le fait que vous n'êtes pas capable de vous joindre à tout le monde dans cette salle et de le dire, je trouve ça désolant.»

Quelques heures plus tôt, des centaines d'élèves avaient envahi les corridors du Capitole de Tallahassee, capitale de Floride, et scandé «Honte à vous! Honte à vous!» en tentant de remettre des pétitions aux élus républicains opposés à l'interdiction des fusils d'assaut et refusant de les rencontrer.

Pendant ce temps, à la Maison-Blanche, Samuel Zeif, survivant de la tuerie de Parkland, adressait ces paroles angoissée à Donald Trump lors d'une «session d'écoute» diffusée en direct à la télévision : «Je ne comprends pas pourquoi je peux encore aller dans un magasin et acheter une arme de guerre. Je lisais ce matin qu'une personne est entrée dans un magasin et a acheté un AR-15 en cinq minutes avec une pièce d'identité expirée. Comment est-ce si facile d'acheter ce type d'arme? Comment n'arrêtons-nous pas ça après Columbine, après Sandy Hook?»

Le président s'est dit ouvert à l'idée de faire passer de 18 à 21 ans l'âge minimum pour acheter des fusils d'assaut, une idée à laquelle s'oppose la National Rifle Association. Selon l'influent lobby des armes à feu, une telle mesure priverait les jeunes de leur droit à l'autoprotection. Il a également promis de renforcer le système de vérification des antécédents judiciaires et mentaux.

Cela étant, le sénateur Rubio a affirmé qu'il était au moins prêt à envisager une mesure que Donald Trump n'a également pas mentionnée hier : l'interdiction des chargeurs à haute capacité. Il s'est par ailleurs dit opposé à une autre idée proposée par le président, celle d'armer les enseignants ou d'autres employés scolaires.

Au moins un élu républicain de la Chambre de Floride a répondu aux élèves de Parkland hier. Richard Corcoran a justifié son opposition à l'interdiction de l'AR-15 en affirmant qu'il s'agit selon lui d'une arme de chasse légitime.

«Je ne crois pas que cela soit la solution», a-t-il dit, exprimant une opinion largement répandue chez les élus républicains, qu'ils siègent à Tallahassee ou à Washington?

Richard Corcoran tiendrait-il le même discours aujourd'hui si, comme Fred Guttenberg, il avait perdu la semaine dernière sa fille dans l'école secondaire de Parkland?

Le sénateur Rubio a été malmenée par la foule qui a assisté à la rencontre publique présentée sur CNN, notamment lorsqu'il a refusé de promettre de ne plus accepter des dons de la NRA. Il a cependant eu le courage de faire face la musique, ce qui n'est pas le cas du gouverneur républicain Rick Scott, à qui l'on prête l'intention de briguer un siège au Sénat des États-Unis en novembre.

Pour finir, un dernier mot sur cette rencontre publique organisée par CNN et à laquelle ont également participé des élus démocrates, le shérif du comté de Broward et la porte-parole de la NRA : c'était franchement fascinant et encourageant d'entendre ces élèves s'exprimer de façon aussi passionnée et articulée sur un sujet politique qui en est également un de vie ou de mort.

Des élèves qui ont compris que la solution au problème des armes à feu passe aussi par le vote.