Quatre millions d'enfants sont morts au cours de la décennie écoulée du fait de gouvernements qui n'ont pas mis en oeuvre de politiques médicales adéquates en direction des pauvres, souligne mardi l'ONG Save the Children.

Ce rapport très critique représente une dernière salve dans ce domaine avant la réunion des pays du monde aux Nations unies vers la fin septembre pour discuter les efforts mis en oeuvre dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) adoptés lors d'un sommet de l'ONU il y a dix ans.

«Quelques progrès significatifs ont été réalisés dans la réduction de la mortalité infantile ces dernières années, mais 8,8 millions de nouveau-nés et d'enfants meurent encore chaque année», a souligné Carolyn Milles, vice-présidente de Save the Children.

«Trop souvent, le lieu où les enfants vivent et les revenus de leurs parents sont déterminants quant à savoir s'ils vont recevoir des soins vérifiés, peu onéreux pour éviter la mort». «Nous devons tous travailler à la réduction de ces inégalités fatales, non seulement entre les pays mais au sein même de ces pays», a-t-elle ajouté.

Save the Children a passé en revue les chiffres de 42 pays où la mortalité est élevée. L'organisation a relevé que les enfants les plus pauvres sont les plus susceptibles de mourir. Si tous les enfants avaient le même risque de mourir que ceux des 20% les plus riches dans leur pays, la mort de quatre millions d'enfants aurait pu être évitée au cours des dix dernières années, selon le rapport.

Les principaux problèmes sont les soins avant et après la naissance, des soins spécialisés à la naissance et des traitements peu onéreux pour traiter les maladies les plus mortelles: la pneumonie, la diarrhée et le paludisme. Save the Children a expliqué que les inégalités représentent un problème croissant dans de nombreux pays en développement.

Selon le rapport, depuis 1990 le taux de la mortalité infantile a chuté de 28%, un taux encore très inférieur à celui retenu par le programme des Objectifs du Millénaire pour le développement qui est des deux-tiers d'ici 2015.

Beaucoup de pays où les risques sont élevés - y compris le Ghana, l'Indonésie, le Mozambique, l'Égypte et la Bolivie- ont notablement réduit le nombre de décès. Dix-neuf parmi les 68 pays prioritaires devraient pouvoir satisfaire les OMD.

Mais le Tchad, La République démocratique du Congo, le Kenya, l'Afrique du Sud et le Zimbabwe ont tous enregistré des taux de mortalité en hausse pendant la décennie écoulée, ajoute ce rapport.

Dans un autre rapport, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) souligne que «beaucoup plus doit être fait dans les cinq prochaines années» pour satisfaire aux OMD en matière de mortalité infantile, estimant que l'effort doit être porté en priorité sur les plus pauvres.

La communauté mondiale peut sauver des millions de vies en investissant en priorité en direction des enfants les plus désavantagés, selon l'Unicef.

«En comparant l'efficacité des différentes stratégies pour apporter les interventions critiques pour la santé à ceux qui en ont le plus besoin, le rapport a déterminé que se concentrer vers les enfants les plus pauvres et les moins favorisés pourrait sauver davantage de vies pour chaque million de dollars dépensés que la tendance actuelle», souligne ce rapport.

Les enfants des 20% des foyers les plus pauvres dans le monde en développement ont plus de deux fois plus de chances de mourir avant d'atteindre l'âge de 5 ans que les enfants des 20% les plus riches, relève l'Unicef.

Photo: Reuters

Les cibles de réduction de la mortalité infantile et maternelle dans les pays en développement (comme la Bolivie sur cette photo) n'ont pas été atteints.