Un double attentat suicide à la voiture piégée a fait au moins 26 morts et 53 blessés dimanche dans une rue bondée de l'ouest de Bagdad, alors que le blocage politique persiste en Irak sur la formation d'un nouveau gouvernement, plus de trois mois après les législatives.

L'attaque a été commise vers 11h30 (04H30 HAE) à Maamoune, un district du quartier à majorité sunnite de Mansour, non loin de la Zone verte qui abrite de nombreux ministères et ambassades.

Elle visait la succursale dans la capitale de la Banque commerciale irakienne, un établissement public qui traite de nombreuses transactions entre le gouvernement et les investisseurs étrangers.

Elle intervient une semaine après l'attaque audacieuse de la Banque centrale irakienne, qu'Al-Qaïda avait revendiquée et inscrite dans le cadre d'une plus vaste campagne d'opérations qui a débuté en août 2009 par des attentats au camion piégé contre des ministères.

Non loin de la banque, se trouvaient également des bureaux de l'administration devant lesquels, au premier jour de la semaine en Irak, de nombreuses personnes faisaient la queue pour obtenir des cartes d'identité ou des passeports.

«Vingt-six personnes sont mortes, dont des femmes et des policiers, et 53, notamment des enfants, ont été blessées dans l'attentat», a déclaré à l'AFP un responsable du ministère de l'Intérieur.

Le commandement des opérations de Bagdad a précisé dans un communiqué que cette attaque était l'oeuvre de deux kamikazes qui ont fait exploser simultanément leurs véhicules chargés chacun de 80 kg de nitrate d'ammonium.

La succursale a été considérablement endommagée, de même que des façades de bâtiments alentours et plusieurs voitures garées dans le secteur étaient totalement calcinées.

Cinq des gardiens de la banque ont été tués et six blessés, selon son président Hussein al-Uzri.

«Cet acte lâche est un échec. La Banque commerciale d'Irak et l'Irak ne vacilleront pas», a-t-il affirmé dans un communiqué. «Le renforcement de l'économie irakienne (...) continuera, de même que le travail de la banque elle-même, qui sera ouverte aux clients demain.»

Il s'agit de la journée la plus meurtrière en Irak depuis le 10 mai, quand des attentats, notamment à Hilla (centre), avaient fait plus d'une centaine de morts.

Bagdad a par ailleurs été le théâtre dans la nuit d'une série d'attaques qui ont fait sept morts et 20 blessés.

Ces violences interviennent en pleine impasse politique, le nouveau gouvernement n'ayant toujours pas été formé, trois mois et demi après les législatives.

Si le nouveau Parlement s'est réuni lundi en séance inaugurale, les partis, dont aucun ne peut assumer le pouvoir seul, ne sont toujours pas parvenus à se mettre d'accord sur le nom du prochain Premier ministre.

Ni le sortant, le chiite Nouri al-Maliki, ni son principal rival, le laïque Iyad Allawi (soutenu par les sunnites), n'ont renoncé à leurs ambitions de former un prochain gouvernement.

Le Guide spirituel des chiites (60% de la population), le Grand ayatollah Ali Sistani, a averti vendredi que ce blocage pourrait le pousser à intervenir personnellement dans la crise, ce qui serait une première depuis 2004.

Cette impasse inquiète notamment Washington, qui souhaite que ses 38.000 troupes de combat, qui doivent avoir quitté l'Irak le 1er septembre, laissent derrière eux un pays stabilisé sur le plan de la sécurité comme de la politique.

Les forces américaines doivent être ramenées à 50.000 hommes.

En visite à Bagdad, le sous-secrétaire d'Etat américain pour le Proche-Orient Jeffrey Feltman a rencontré cette semaine les principaux responsables politiques pour faire avancer les tractations.