Le parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie est largement en tête aux élections municipales de dimanche, perçues comme un test de sa popularité, avec 41,1% des voix, selon un décompte d'un tiers des bulletins, ont rapporté les chaînes de télévision turques.

Le Parti de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan était suivi avec 18,7% du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force d'opposition au parlement.

Arrivait en troisième position le Parti de l'action nationaliste (MHP, nationaliste) avec 15,8% des suffrages.

Les élections ont été émaillées de violences qui ont fait cinq morts et près d'une centaine de blessés, principalement dans le sud-est du pays à dominante kurde.

Les sondages donnaient l'AKP en tête, avec 40% à 48% des suffrages, en dépit d'un chômage record et d'une économie frappée par la crise mondiale.

Dans une interview diffusée vendredi soir, le Premier ministre, ancien maire d'Istanbul, avait jugé que son parti essuierait un échec s'il obtenait moins de 47% des voix, son score aux élections législatives de 2007.

Si ces résultats partiels étaient confirmés au terme du dépouillement complet des bulletins, l'AKP obtiendrait donc un score en deçà de celui visé par M. Erdogan.

L'opposition réalise une percée dans les deux grandes métropoles d'Istanbul et d'Ankara, sans pour autant les remporter, selon un décompte encore partiel.

Les Turcs ont voté dimanche pour élire leurs représentants dans les administrations locales dans des élections marquées par des violences et perçues comme un test de popularité pour le parti islamo-conservateur au pouvoir, dans un contexte de crise économique.

Cinq personnes sont mortes et près d'une centaine ont été blessées lors d'affrontements liés au scrutin.

Les bureaux de vote ont fermé à 17H00 (14H00 GMT) mais les électeurs présents aux bureaux où il y avait des files d'attentes pouvaient encore voter.

Un peu plus de 48 millions d'électeurs étaient appelés à choisir entre 19 partis qui se disputent 3000 sièges de maires, 37000 sièges de conseillers municipaux et près de 53000 mandats de chefs de village et de quartier.

Selon les sondages, le Parti de la justice et du développement (AKP) est sûr de l'emporter avec 40 à 48% des suffrages, devant ses deux principaux adversaires, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et celui de l'action nationaliste (MHP, nationaliste).

À Sanliurfa (sud-est), des fusillades liées à la bataille électorale ont fait un mort par balle et 27 blessés, selon des sources de sécurité locales.

Une autre fusillade s'est produite à Diyarbakir, principale ville à majorité kurde du sud-est, faisant un mort et trois blessés, selon la même source. Un candidat au poste de chef de village a été foudroyé par une crise cardiaque lors d'une rixe avec ses rivaux à la périphérie de cette ville.

À Kars (est), une personne a été tuée par balle tandis qu'une trentaine ont été blessées dans des altercations à Igdir (est) et Afyon (centre).

Une cinquième personne a été tuée à Erçek (est), a rapporté l'agence Anatolie.

M. Erdogan escompte que ce scrutin renforcera son parti, au pouvoir depuis 2002, et lui permettra de mener à bien des réformes pour se rapprocher de l'Union européenne. L'AKP reste populaire aussi bien dans les villes que les zones urbaines même si les retombées de la crise globale devraient faire avancer les voix de l'opposition, selon les observateurs.

De nombreux Turcs attribuent à l'AKP la stabilité politique de ces dernières années. Le parti a remporté une victoire écrasante aux élections législatives de 2007, avec plus de 46% des voix. Aux dernières municipales, en 2004, l'AKP a remporté avec 41% les mairies de la plupart des grandes villes, dont Ankara et Istanbul.

Izmir (ouest), grande ville de la région égéenne, devrait rester fidèle au CHP, dont elle est un bastion.

Les premières estimations étaient attendues vers 18H00 GMT.

L'AKP a échappé de justesse l'an dernier à une procédure de dissolution lancée à la suite d'une bataille entre le gouvernement et le camp laïque.

Si ce parti réussit un aussi bon score qu'aux dernières législatives, il sera en bonne posture pour faire adopter des réformes pro-européennes et signer un nouvel accord d'emprunt avec le Fonds monétaire international (FMI), pour réduire les effets de la crise, a estimé Wolfango Piccoli du groupe Eurasia à Londres, spécialisé dans le risque politique.

Dans un cas de figure moins plausible, si l'AKP reste en dessous des 40% des voix, «l'opposition peut demander la tenue d'élections anticipées», estime l'analyste dans une note adressée aux investisseurs.