Au moins sept personnes ont été tuées et une centaine blessées dans la nuit de lundi à mardi par deux engins explosifs à Morelia, une ville de l'ouest du Mexique, pendant la célébration de la Fête nationale, les autorités locales dénonçant «un acte terroriste» et le président Felipe Calderon une «atteinte à la sécurité intérieure du pays».

Les explosions ont eu lieu quelques minutes avant minuit (1h00 HAE) dans le centre de Morelia, capitale de l'État de Michoacan, où étaient rassemblées des milliers de personnes.

«Il s'agit d'un acte terroriste, sans que nous sachions encore quels en sont les auteurs, mais aucun doute, c'est un acte terroriste», a déclaré mardi matin le gouverneur de Michoacan, Leonel Godoy, dans une interview en direct à la télévision. «Le crime organisé est notre première hypothèse», a-t-il précisé.

Les explosions se sont produites sur la place Melchor Ocampo, pendant le feu d'artifice qui suit le traditionnel «Cri de l'indépendance», «Viva Mexico».

Le gouverneur, membre du Parti de la révolution démocratique (gauche), a ajouté avoir reçu auparavant des menaces selon lesquelles un attentat serait commis à Morelia mardi, jour de la parade militaire à Mexico, la capitale fédérale, pour la Fête nationale.

L'attentat de Morelia a vraisemblablement été commis avec des grenades à fragmentation, selon le gouverneur. Des témoins affirment «qu'elles ont été lancées de la place même, et parlent d'un homme robuste, vêtu de noir», a-t-il dit.

Après les explosions, des policiers ont ouvert le feu sur des individus armés dans plusieurs véhicules qu'ils ont pris en chasse, tandis que l'armée barrait les accès à Morelia et à sa périphérie, selon le site Internet d'El Sol de Morelia. On ignore si les suspects poursuivis étaient liés aux explosions, selon le journal.

En signe de deuil, les autorités de Morelia ont annulé le traditionnel défilé du 16 septembre. La Fête nationale mexicaine, qui commémore le début de la guerre d'indépendance contre l'Espagne, commence dans la soirée du 15 septembre et se poursuit le 16.

«Des assassins sans scrupules ont attenté à la vie d'innocents. Il s'agit là d'actes exécrables qui portent atteinte à la sécurité intérieure du pays (...)», a déclaré mardi le président conservateur Felipe Calderon sur l'avenue centrale de Mexico, au début du traditionnel défilé militaire de la Fête nationale dans la capitale.

«Ceux qui prétendent que la peur opprime notre société et nous paralyse se trompent. Nous ferons savoir à ces criminels, quels que soient les intérêts qu'ils poursuivent, qu'ils sont condamnés à l'échec», a-t-il affirmé, annonçant un «redoublement de l'action des forces fédérales contre ces criminels».

Lundi soir, à Mexico, la célébration publique du «Cri de l'indépendance» présidée par M. Calderon s'était déroulée sans incident devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, sur la place du Zocalo, le coeur historique de la capitale.

Peu avant et conformément à un accord préalable, le chef de l'opposition mexicaine de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, avait fêté au même endroit l'indépendance avec des milliers de militants et sympathisants.

M. Lopez Obrador, battu de peu par M. Calderon lors de la dernière élection présidentielle en 2006, avait ensuite quitté la place du Zocalo sans incident pour laisser la place à la cérémonie officielle.

Le président Calderon a élevé la lutte contre le crime organisé au rang de priorité nationale, déployant plus de 36 000 militaires et policiers dans le pays, en commençant par Morelia, la ville où demeure sa famille maternelle.

La violence meurtrière au Mexique, généralement liée à la guerre entre cartels de trafiquants de drogue ou entre gangs de rue, ne cesse pourtant d'augmenter. Elle a fait plus de 3000 morts depuis le début de l'année, dont de nombreux policiers.