L'ancien chef des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, arrêté lundi à Belgrade et en instance de transfèrement vers La Haye, aurait vécu plusieurs mois à Vienne entre juin 2006 et fin 2007, selon de nouveaux témoignages publiés samedi par la presse autrichienne.

Selon le journal Österreich, Karadzic aurait sous-loué en juin 2006 une chambre dans un appartement de l'ouest de la capitale autrichienne chez une Serbe.

L'homme à épaisse barbe blanche et cheveux longs relevés sur le crâne en une sorte de chignon y est resté plusieurs mois, raconte-t-elle dans le Krone Zeitung. «Nous ne savions pas que derrière le gentil Pera se cachait un criminel de guerre», souligne la femme de 53 ans, dénommée Vesna J.

Le gérant d'un restaurant du même quartier affirme dans Österreich avoir eu Karadzic comme client «deux à trois fois par semaine» pendant toute l'année 2007.

«De semaine en semaine il a initié des débats politiques violents, il essayait de monter les Kurdes contre les Turcs. Je lui ai alors interdit mon établissement», raconte le restaurateur.

Vendredi, la police avait déjà reconnu que son unité d'élite Cobra avait interrogé à Vienne le 4 mai 2007 dans une affaire de meurtre un homme qui se présentait comme guérisseur et dont l'apparence ressemblait étrangement à celle de Karadzic.

Les policiers n'avaient pas vérifié son passeport croate, établi au nom de Petar Glumac - dont le nom en croate signifie ironiquement «acteur» - et avait laissé libre l'homme après un interrogatoire.

D'autres personnes de la communauté serbe de Vienne ont affirmé avoir été en contact avec un guérisseur, se présentant comme Petra, ressemblant fort à Karadzic. L'homme logeait chez ses patients au plus trois jours.

D'autres Serbes viennois interrogés par le quotidien Die Presse de samedi sont sceptiques sur tous ces témoignages.

L'intellectuel nationaliste serbe Petar Milatovic, vivant dans la capitale autrichienne, estime que «si quelqu'un aurait du savoir si Karadzic était à Vienne, cela aurait été bien moi».

Karadzic est accusé de génocide, crime contre l'humanité et crime de guerre.