Le premier ministre thaïlandais Samak Sundaravej, dont des milliers d'opposants exigent la démission, a rencontré le roi Bhumibol Adulyadej pour lui rendre compte de la crise qui menace de s'étendre, a-t-on appris samedi de source gouvernementale.

M. Samak a quitté Bangkok tard vendredi pour la station balnéaire de Hua Hin, où le monarque séjourne, et «il a rendu compte au roi de la situation», a indiqué cette source sous le couvert de l'anonymat. M. Samak a regagné Bangkok samedi matin.

Au cours d'un rassemblement sur le thème de la réconciliation nationale, le premier ministre, dont les bureaux étaient assiégés pour la cinquième journée consécutive par quelque 15 000 manifestants, a affirmé qu'il resterait au pouvoir.

«Je tiens à rassurer le public sur le fait que je continuerai d'exercer ma fonction. Je ne me rendrai pas, je ne démissionnerai pas», a déclaré M. Samak.

Le premier ministre s'est rendu une nouvelle fois à Hua Hin samedi après-midi pour une audience avec le roi. À son retour à Bangkok à 20h00 heure locale (09h00 HAE), il n'a fait aucune déclaration à la presse.

Le roi Bhumibol Adulyadej, âgé de 80 ans, a des fonctions essentiellement honorifiques, mais il joue en sous-main un rôle clef dans la vie politique.

Le plus ancien monarque de la planète reste immensément respecté parmi la population, une aura que les gouvernements successifs doivent toujours prendre en compte.

Bien que les manifestants anti-Samak se réclament régulièrement du roi, le souverain est jusqu'à présent resté silencieux sur la crise.

Malgré les pluies de mousson, environ 15 000 manifestants étaient toujours présents samedi dans l'enceinte de «Government House».

Plusieurs dizaines de contestataires ont pénétré dans les bureaux de M. Samak, qui ne s'y trouvait pas.

L'un d'eux a affirmé à l'AFP que l'ordre émanait de Chamlong Srimuang, général à la retraite de 73 ans et principal animateur de «l'Alliance du peuple pour la démocratie» (PAD), à la pointe de la contestation.

«Chamlong nous a demandés de faire place nette (...) pour que les cinq leaders du PAD puissent utiliser les bureaux pendant la manifestation», a-t-il dit.

Après avoir brièvement occupé les bureaux de M. Samak, ces manifestants les ont quittés à l'appel de leurs dirigeants.

La PAD est une coalition hétéroclite de nationalistes, de royalistes et de militants sociaux.

Les manifestants exigent le départ du chef du gouvernement qu'ils accusent d'être la marionnette de Thaksin Shinawatra, l'ancien homme fort de la Thaïlande, renversé par un coup d'État en 2006 et réfugié en Grande-Bretagne.

Des échauffourées ont éclaté vendredi soir entre policiers et manifestants faisant monter d'un cran la tension dans cette crise politique qui menace de se propager.

Des débrayages ont été signalés dans les chemins de fer, et un appel à la grève a été lancé par le syndicat de la compagnie aérienne Thai Airways.

Trois aéroports, dont celui de Phuket, destination touristique parmi les plus prisées de Thaïlande, ont été fermés vendredi.

L'aéroport de Phuket était toujours fermé samedi après que des militants du PAD en eurent bloqué les accès et occupé les pistes. L'aéroport de Krabi, situé non loin de là et qui avait également fermé vendredi, ne devrait rouvrir que dimanche matin, selon la société des aéroports de Thaïlande. Le troisième aéroport, qui est de petite taille, a rouvert samedi.

Plus de 100 vols, dont 25 vols internationaux, ont été annulés, et quelque 15.000 passagers sont restés bloqués à Phuket, a déclaré le directeur de l'aéroport de Phuket, Wicha Nurnlop.