Barack Obama mettra-t-il les États-Unis sens dessus dessous en novembre prochain? C'est ce que souhaitent ardemment ses stratèges. Ils pensent que le candidat démocrate peut changer les habitudes des électeurs afin de triompher dans plusieurs États qui votent traditionnellement pour les républicains. Et redessiner la carte électorale du pays.

Oubliez la Floride et l'Ohio!

Ces États ont fait la différence lors des deux dernières élections présidentielles. Le premier a empêché Al Gore d'accéder à la Maison-Blanche. Le second a permis à George W. Bush d'être réélu en coiffant John Kerry au fil d'arrivée.

Mais à écouter Barack Obama et ses stratèges, le rôle de l'Ohio et de la Floride ne sera pas significatif cette année.

Ce sont plutôt des États comme la Virginie et le Colorado qui pourraient faire pencher la balance du côté des démocrates. Chose rare.

«Je suis probablement le seul candidat qui peut véritablement redessiner la carte politique» du pays, a soutenu Barack Obama dès l'an dernier.

Le sénateur démocrate de l'Illinois pense être en mesure de vaincre John McCain dans plusieurs États qui votent traditionnellement pour le candidat républicain à la Maison-Blanche.

Des États dont le poids électoral est plus modeste. Mais si plusieurs d'entre eux changent d'allégeance, ils pourraient faire pencher la balance du côté démocrate.

Selon ce scénario - optimiste, il va sans dire -, Obama n'aurait donc pas besoin de triompher en Ohio et en Floride pour obtenir les 270 grands électeurs nécessaires pour sa victoire. Rappelons qu'il y en a 538 répartis dans tout le pays.

«Je pense qu'il estime ses chances très grandes parce que la campagne des primaires lui a montré qu'il y a un nouvel électorat américain à aller chercher un peu partout», indique le directeur de l'observatoire sur les États-Unis de l'UQAM, Charles-Philippe David.

«Les États changent. Ce ne sont plus les mêmes qu'il y a 10 ou 12 ans, ajoute l'expert. Des États qui étaient jugés très conservateurs ont connu l'immigration d'Américains qui sont davantage démocrates. La carte électorale est extrêmement dynamique et volatile.»

Jusqu'ici, les sondages ne donnent pas tout à fait tort à Obama. Il livre une chaude lutte à McCain dans plusieurs États où George W. Bush a piétiné John Kerry en 2004.

À commencer par le Colorado. Ce n'est pas un hasard si la convention démocrate s'y déroule. Le but est de séduire les électeurs de cet État qui a toujours voté pour un président républicain depuis Lyndon Johnson en 1964. Exception faite de 1992, année où les électeurs avaient succombé aux charmes de Bill Clinton.

Un pari incertain

Parmi les autres États républicains sur lesquels Obama a jeté son dévolu, notons la Virginie, la Géorgie, le Missouri, l'Indiana, le Nouveau-Mexique et la Caroline-du-Sud.

On apprenait même récemment qu'il s'était mis à dépenser plusieurs millions pour faire campagne en Caroline-du-Nord. Un État que George W. Bush a pourtant remporté haut la main à deux reprises.

John McCain, pour sa part, ne pourra probablement pas s'offrir le luxe de perdre le vote d'États comme la Floride, l'Ohio ou la Pennsylvanie, qui constituent des poids lourds au plan électoral.

Car à l'exception du New Hampshire (certains mentionnent aussi le Wisconsin), le candidat républicain ne semble pas en mesure de s'emparer d'États qui votent traditionnellement pour les candidats démocrates à la présidence.

Obama réussira-t-il là ou plusieurs de ses prédécesseurs démocrates ont échoué? «Ce ne sera pas évident», prédit Charles-Philippe David. «Parce que la réalité aujourd'hui, c'est que, dans certains sondages, McCain a pris l'avance.»