Le Dr Bruce Ivins, qui s'est suicidé alors qu'il venait d'être identifié comme le principal suspect dans l'affaire des lettres piégées à l'«anthrax» en 2001, disposait de spores hautement purifiées de ce poison qui a tué cinq personnes et semé la panique quelques semaines après les attentats du 11-Septembre, selon des documents rendus publics par les autorités américaines mercredi.

Ces documents ont également révélé que les enquêteurs du FBI ont pu remonter la piste des enveloppes utilisées jusqu'au laboratoire de ce brillant biologiste de l'armée américaine.

Le scientifique, décrit comme souffrant de troubles psychiques profonds, s'est suicidé la semaine dernière alors que les enquêteurs s'apprêtaient à l'accuser formellement de meurtre.

Selon le sergent Terrance Gainer, les agents du FBI ont déclaré lors d'une rencontre avec les proches des victimes, organisée à huis clos mercredi, que les autorités pensaient que le biologiste avait agi seul.

Selon les documents, le Dr Ivins a remis de faux échantillons de spores du bacille de la maladie du charbon (anthrax) au FBI, était incapable de fournir «une explication adéquate» pour ses heures supplémentaires effectuées au laboratoire dans la période des attaques, et a même essayé de faire planer le soupçon sur un collègue.

Il se serait également immunisé contre l'anthrax et la fièvre jaune au début du mois de septembre 2001, soit plusieurs semaines avant l'envoi des lettres empoisonnées.

Les enquêteurs avaient pu déterminer, après de longues investigations scientifiques, que les échantillons prélevés dans ces courriers étaient tous issus d'un même stock, baptisé RMR-1029, qui se trouvait au laboratoire secret de l'armée où travaillait le Dr Ivins. Ce dernier en était le seul gardien depuis son acquisition en 1997, selon un témoignage.

À l'automne 2001, cinq personnes étaient mortes et des dizaines d'autres avaient été hospitalisées aux Etats-Unis après avoir reçu des lettres contenant des spores du bacille de la maladie du charbon.

La fameuse poudre blanche avait notamment été envoyée au Congrès et à la presse.

Avec la mort du principal suspect en la personne du Dr Ivins, les autorités devraient prochainement clore le dossier, ce qui a permis à la justice d'ordonner la publication des documents. Le FBI a été critiqué pour la lenteur de ses investigations, qui ont duré depuis 2001.