L'Alberta devra tôt ou tard renoncer à ses abondantes ressources pétrolières pour éviter de compromettre « les conditions mêmes de la vie sur Terre », a affirmé mardi l'instigateur du « Pacte pour la transition », Dominique Champagne.

Le réalisateur, dont l'initiative a recueilli plus de 250 000 signatures depuis son lancement au début novembre, a rendu visite au bureau du premier ministre François Legault mardi. Flanqué de trois experts, il a proposé au gouvernement d'adopter un projet de loi sur le climat.

Sa sortie survient alors que le Québec se trouve dans un bras de fer avec l'Alberta. M. Legault a mis le feu aux poudres en refusant d'appuyer la relance du pipeline Énergie Est au motif qu'il transporterait de l'« énergie sale ». Un commentaire qui a entraîné des appels au boycottage dans la province de l'Ouest et qui a valu des huées au maire de Calgary lorsqu'il s'est adressé à une foule en français, lundi.

Mais les Albertains devront se faire à l'idée que cette industrie est trop polluante, estime M. Champagne.

« Ce que je leur dis, c'est qu'on partage le même environnement, on partage la même atmosphère, on partage la même terre, a-t-il dit. Et malheureusement pour eux, malheureusement pour nous, leur prospérité est basée sur quelque chose qui est en train de dénaturer, de compromettre les conditions mêmes de la vie sur Terre. »

L'industrie des sables bitumineux a été à elle seule responsable de l'émission de 72 mégatonnes de gaz à effet de serre (GES) en 2016, plus de 10 % des émissions canadiennes. C'est presque autant que la totalité des émissions du Québec, qui se sont élevées à 78,56 mégatonnes.

Cette production a fréquemment été ciblée par les environnementalistes, car le pétrole bitumineux émet davantage de GES dans son cycle de production que du pétrole conventionnel.

L'industrie albertaine est cependant en crise, conséquence de la chute des cours pétroliers et de la saturation du réseau actuel de pipelines, qui fait en sorte que les producteurs sont incapables de vendre leur brut ailleurs qu'aux États-Unis. Cette situation a forcé le gouvernement fédéral à injecter 1,6 milliard pour venir en aide aux entreprises du secteur.  

Projet de loi

Le projet de loi proposé par M. Champagne rendrait obligatoire l'atteinte des cibles climatiques du Québec. Il engagerait le gouvernement à en tenir compte dans chacune de ses décisions.

Le Québec s'était d'abord engagé à réduire d'ici 2020 de 20 % ses émissions de GES par rapport au niveau de 1990. Tout indique que la province va rater cet objectif. La province s'est depuis fixé une nouvelle cible, soit une baisse des émissions de GES de 37,5 % d'ici 2030, par rapport au niveau de 1990.