Festival de couleurs, costumes en Lycra, héroïsme et ringardise, la saga télévisée Power Rangers s'est fait une place dans la culture populaire comme l'une des séries télévisées à plus grand succès. Le nouveau long-métrage, lui, pourrait devenir l'adaptation de trop.

Diffusée à partir de 1993, elle est rapidement devenue un succès mondial, générant des ventes massives de jouets, jeux vidéos, bandes dessinées. Elle en est aujourd'hui à sa 24e saison sur la chaîne pour enfants américaine Nickelodeon.

Alors que des studios comme Marvel ou Warner brassent des milliards de dollars avec leurs propres sagas de superhéros, leur rival Lionsgate a flairé une potentielle mine d'or avec les justiciers aux combinaisons chamarrées.

Résultat? Un film de 105 millions de dollars de budget, qui sort vendredi aux États-Unis et le 5 avril en France.

Les critiques se montrent toutefois plus que réservées face à ce long-métrage, dans un marché déjà saturé de personnages tirés de bande-dessinées, et certains se demandent si ce n'est pas le film de superhéros de trop.

«Les personnages de Power Rangers ont autant de profondeur et de caractère que des figurines de robots qui parlent et marchent automatiquement», décrit froidement Variety.

Les journaux britanniques ne sont guère plus indulgents: le Daily Telegraph parle de réinvention de la saga «la plus incroyablement mal conçue des dernières années». Le Telegraph, encore plus acide, évoque la trame «moche et incompréhensible» d'un film qui semble avoir été «tourné par le bossu de Notre-Dame et édité par un singe portant des gants de cuisine».

Public adolescent

D'autres critiques se demandent si cette version un peu aseptisée, très adolescente, de l'univers des superhéros a encore sa place dans un paysage audiovisuel où une cinquantaine de films de superhéros tirés des bande-dessinées de Marvel et D.C. sont sortis en près de 25 ans.

D'autant que d'autres films très attendus comme Les Gardiens de la Galaxie 2 et Wonder Woman débarquent aussi prochainement dans les salles obscures.

La mauvaise presse n'est toutefois pas toujours un signe avant-coureur d'échec en salles, fait remarquer Paul Dergarabedian, analyste de la société spécialisée dans le box-office ComScore. Pour lui, il y a «peut-être de la place pour une bande de superhéros ciblant un public adolescent».

Adaptation de la série japonaise au long cours Super Sentai, les Power Rangers sont un groupe de lycéens devenus de puissants combattants qui affrontent les forces du mal et notamment la maléfique Rita Repulsa, jouée par Elizabeth Banks.

Lionsgate, dont les grosses productions visant un public adolescent comprennent les séries de films Hunger Games et Twilight, avait annoncé en 2014 un partenariat avec la marque Saban, qui détient les droits des Rangers.

Shawn Robbins, analyste chez BoxOffice.com, a dit à l'AFP tabler sur une sortie à plus de 35 millions de dollars de recettes en Amérique du Nord, soit un score respectable pour la saison.